Le titre indique déjà l'optimisme de l'auteur qui voit se profiler Le bel avenir de l'humanité, ce qui change des habituelles visions apocalyptiques, ou totalitaires de l'avenir (communes à Platon, Thomas More ou Karl Marx).
Pourquoi est-il optimiste?
La nature créatrice de l'homme
Parce qu'il pense que s'opère dans les Temps contemporains une véritable révolution, celle de la nature créatrice humaine en train de se débarrasser de l'esprit néolithique et des forces archaïques
Ce qui diffère l'homme des autres animaux, ce n'est pas l'intelligence, c'est la créativité et c'est une différence qualitative et non quantitative: cette différence n'est donc pas mathématisable. L'homme n'a donc rien à craindre de l'intelligence artificielle:
Le cerveau humain, lui ne s'embarrasse pas de mathématiques ou de logique, il écarte les possibles qui l'indisposent quand le moment vient d'agir comme il oublie le passé qui l'incommode.
La disparition du travail, mais pas de l'activité
L'origine de la richesse des nations n'est pas le travail ni la rente, mais la créativité et l'innovation. Le vieux monde se meurt parce que le travail ne pourra désormais plus éclipser la créativité, ni la rente étouffer l'innovation.
Yves Roucaute est certain en effet que, tôt ou tard, le travail des hommes, cette malédiction, va disparaître et qu'il sera remplacé par robots et logiciels. Mais l'activité des hommes ne disparaîtra pas pour autant:
Il ne s'agit pas d'aller vers un éloge de la paresse mais au contraire de l'action, de l'imagination créatrice et de sa réalisation jusque dans les étoiles.
Homo creator peut tout transformer
Homo creator est couronné. Il va pouvoir jouer, rêver imaginer au lieu de travailler pour nourrir une reine ou des rentiers. Il va pouvoir tout transformer, y compris sa propre nature, qui n'est ni immuable, ni intouchable, qui est inachevée:
Interdire une maladie génétique ou réparer le corps en s'attaquant à son patrimoine génétique paraît finalement plus logique que de pleurer au bord du chemin ou d'attendre du Ciel une aide qu'il ne souhaite peut-être pas nous donner, ne voulant pas d'une humanité d'assistés.
L'individu n'est-il pas en effet propriétaire de son corps, donc de son patrimoine génétique? Son corps n'appartient en tout cas pas à des comités d'éthique, à des maîtres de Vérité, au pouvoir politique En conséquence:
Seul l'individu a le droit de décider comment il veut le préserver, et le reproduire.
L'individualisme intégral
Homo creator échappe de plus en plus à tout contrôle. Il a commencé à construire, sur les ruines de ce qui fut, son nouvel espace de vie, sans État, horizontal et mouvant, hybride et fraternel, civique et décentralisé.
Cette révolution, qui permet à l'homme de prendre conscience de soi et de découvrir sa libre nature peut se résumer en cette formule: Moi d'accord, moi d'abord, expression d'un individualisme qui se prend lui-même pour finalité:
- Moi d'accord, précise-t-il, c'est l'amour de soi poussé jusqu'à l'amour-propre qui interdit toute haine de soi.
- Moi d'abord, précise-t-il encore, c'est le chemin de l'amour des autres, car il est impossible d'aimer les autres sans d'abord s'aimer soi-même.
Par ces deux expressions indissociables, l'individu établit donc en lui-même une harmonie entre "Je" et "Moi". Il construit ensuite l'harmonie sociale en conjuguant sa puissance créatrice avec celle des autres. Enfin, par cette dynamique créatrice, il avance vers une nature dominée, qui annonce l'harmonie de l'humain avec le monde.
La révolution des Temps contemporains
Rien ne pourra plus arrêter cette révolution:
- les réseaux sociaux explosent,
- la mondialisation abat les frontières,
- les savoirs et les technologies s'échangent,
- le management devient participatif
- les processus se font collaboratifs.
Les nations ne seront plus ce qu'elles étaient, ou ne survivront pas:
Avec les Temps contemporains qui mettent l'individu et sa créativité au centre, se construit un nouveau type de nation, la "nation contemporaine", hybride et civique, fondée ni sur le sang ni sur le sol mais sur un réseau d'appartenance librement consenti.
Yves Roucaute ajoute: Nous sommes des êtres déterritorialisés qui, à chaque instant de leur durée, quand bien même ils ne le savent pas, créent des territoires sur lesquels ils ne peuvent s'arrêter avant de repartir.
La répartition inégale des richesses
La répartition des richesses se fera différemment: La justice doit être distributive, rendre à chacun son dû selon sa créativité et assurer aux plus démunis, la solidarité. Assurer un revenu universel donné sans condition est archaïque:
Le revenu universel pour tous serait favorable au plus grand nombre, donc il serait juste, prétend-on...
L'augmentation de l'inégalité n'est pas incompatible avec le mieux-être des plus défavorisés. Il faut libérer l'énergie inégale de chacun en donnant les moyens aux individus d'intégrer les micro-milieux de créativité connectés et leurs cadres collaboratifs, c'est-à-dire:
- micro-entreprise
- apprentissage
- laboratoire
- atelier
- localité
Le bel avenir de l'humanité
Le travail va donc disparaître (l'idée d'un budget public, avec ses prélèvements et ses contributions obligatoires n'aura plus de sens...).
Disparaîtra également de la surface de la Terre le Mal, qui est destruction (Le Mal absolu: la destruction volontaire des esprits créatifs. Le Bien absolu: l'amour des autres jusqu'au don de soi).
La Terre disparaîtra, quand, dans moins de six cents millions d'années, l'hydrogène consommé par le Soleil viendra à manquer, ou deviendra inhospitalière, quand surviendra la prochaine période de glaciation...
L'humanité doit d'ores et déjà organiser sa survie par déterritorialisation:
Abolir le travail et la peine imposés par la terre, propulser les intelligences faibles ou fortes au service d'une créativité sans ancrage sur le sol, libérer les naissances et les vies du temps et de l'espace terrestre, cloner, cryogéniser, soigner, régénérer, augmenter ce corps jusqu'à le rendre indépendant du temps, jusqu'à abolir cet accident appelé "mort": tout cela converge pour assurer à l'humanité vie et richesses dans l'espace.
Une seule certitude: Yves Roucaute est créatif...
Francis Richard
Le bel avenir de l'humanité, Yves Roucaute, 504 pages, Calmann-Levy