La fascination et même l’obsession des King pour Donald Trump donne donc une fin de saison toujours très engagée dans cette direction. Que cela soit au travers d’un épisode sur une fausse sextape de Donald Trump (le 2.09) ou encore une conspiration autour d’un homme proférant des menaces à l’égard du Président. Les manipulations politiques prennent donc souvent le pas sur les cas de la semaine. Bien que cela ne soit pas pour me déplaire dans le sens où c’est soigné et bien écrit, je dirais que cette obsession de la critique du pouvoir n’est pas toujours justifiée par l’évolution même des personnages ou de l’histoire de la série. Bien entendu, les valeurs progressistes de la série permettent aussi d’apporter une vision intéressante de l’Amérique dont rêve les King. L’une des originalités de The Good Fight par rapport à son ainée était justement la mise en scène de longues intrigues à suivre sur plusieurs épisodes, éloignant donc la formule de la simple série judiciaire procédurale vers quelque chose de plus feuilletonnant. Ce n’est pas pour me déplaire surtout que cela fonctionne bien. La première saison de The Good Fight était principalement centrée sur le scandale Rindell, mais l’on sent dans cette saison 2 que le but des King était tout autre et plus particulièrement dans la façon dont la politique a réellement pris son importance dans le récit.
La seconde partie de la saison est donc ici plus incisive et plus satirique. Mais cela engage aussi des idées qui ne sont pas toujours judicieusement ordonnées dans le scénario. Bien que The Good Fight reste pertinente dans ce qu’elle entreprend par rapport à ses personnages, cela manque parfois d’un brin de finesse et de subtilité. Je me demande au fond si The Good Fight n’est pas une sorte de revanche sur l’annulation de Braindead, leur satire politique annulée après une saison (faute d’audience) sur CBS. En ajoutant autant de politique et de critique politique dans The Good Fight, la série reprend alors un peu ce que l’autre n’a jamais réellement eu l’occasion de faire. L’intrigue « Kill All Lawyers » prend aussi les devants dans cette seconde partie de la saison. Le fait que Adrian se soit fait tirer dessus engage encore une fois une bonne idée mais une évolution étrange. L’intrigue perd de son souffle rapidement car The Good Fight ne parvient pas à insérer suffisamment de suspense et/ou de danger pour que l’on ait envie de croire à tout ce fourbi. Malgré tout, les personnages sont solides et c’est clairement l’une des forces de cette série.
L’épisode sur la fausse sextape de Trump est intéressant et permet aussi de creuser un peu plus le paysage de la « fake news ». Sans parler de cette histoire, glissée au milieu d’un épisode, où à cause d’une faute dans un communiqué de la Maison Blanche, tout le monde a imaginé que Trump irait en Europe avec 5 chèvres. La série s’en amuse plutôt bien et ce sont des petites références amusantes à notre réalité qui me fascinent le plus. The Good Fight reprend aussi les reines du féminisme engagé avec Diane, reprenant sa place de leader aux côtés de Liz quand Adrian se fait tirer dessus. Derrière l’intrigue Kill All Lawyers j’ai presque revu un peu Dietland (bien que les sujets soient différents). Mais je trouve dommage que la série ne gère pas suffisamment bien cette crise en ne laissant pas plus de temps à Diane et Liz pour que les téléspectateurs puissent jouir de leur cohabitation. La seconde partie de la saison veut alors aller vite, très vite et boucle peut-être trop rapidement de bonnes idées. En dehors de Diane, et la grossesse de Luca, la saison ne développe pas grand chose autour de ses autres personnages, ce qui est vraiment dommage. La carrière politique de Colin par exemple n’en ressort jamais vraiment grandie et l’amitié entre Maia et Marissa avec Luca est là aussi mal développé, trop coincé au milieu d’autres choses.
Pour autant, The Good Fight va au bout de ce qu’elle a commencé cette année en mettant les deux pieds en plein dedans. Que cela soit sur l’évolution de son intrigue saisonnière, la satire politique et l critique de la société américaine actuelle (sur fond de féminisme, avec une touche de défense des droits des afro-américains…).
Note : 7/10. En bref, en dehors de quelques idées pas toujours bien entretenues, la série va au bout de ce qu’elle entreprend avec brio. Je regrette tout de même d’avoir laissé traîné cette seconde partie de saison dans mes tiroirs.