L'histoire est la même depuis à peu près 2012, elle nous parle de sa propre vérité sur des humbles ritournelles faciles à imaginer sur des airs country travesties en musique pop. Et de manière réussies la plupart du temps. Chaque offrande de Miss Swift (rien à voir avec le grand Jonathan) est habitée d'une adhérence populaire pas toujours directe. La première écoute génère toujours un large "Waaaaaach!" désenchanté.
Elle est cute comme un poodle, connaissant la valeur de ses jambes en mini-jupe, mais pour les fans autant que pour les détracteurs, les écoutes répétées transforment la plupart du temps les "waaaaaach!" en "YES! Ça c'est bon!". Même le mal aimé album précédent, où elle tentait d'offrir du différent, a fini par charmer tout le monde. Certaines blondes ont ce talent.
Toutefois, le nouveau clip, (car c'est d'abord et avant tout une image qu'on vend), lancé la semaine dernière, "Me", offre quelque chose qui sera peut-être difficile à réconcilier avec les premiers "waaaaaach!". La chanson est peut-être même symbole de tout ce qui cloche avec la musique pop en ce moment. En commençant par le titre, empreinte ultime du narcissisme.
Son album précédent voulait se moquer des critiques et se jouer du portrait trop optimiste que l'on se faisait d'elle. Il y avait des clins d'oeil au hip-hop, par nature, plus agressif dans les propos, et confrontant, il y avait des phrasés électroniques dans les tons de gris. Ça a vendu des zillions, mais c'était pour elle, presqu'un échec.
Les images pastel qui inondaient son compte Instagram dans les dernières semaines donnaient un indice du "rebooting" qu'elle préparait en laboratoire dans un endroit plus ensoleillé. Car, autour de Taylor et des artistes de nos jours, c'est moins studio que labo. Je n'ai jamais aimé la chimie. Un laboratoire plein de cris de meneuses de claques, dans ce qui ressemble à une église massivement dosée de kétamine.
How d'jyou know?
La seule chose que semble révéler son nouveau morceau est qu'elle a désespérement envie d'un hit. Le genre de hit qui vous donnera des royautés pendant longtemps, dans les cours de Zumba. jusqu'aux routines matinales des croisières et dans les avions menant les touristes au club med, qui danseront encore dessus dans leur aquagym improvisé par des animateurs sur place tous les matins. Le genre de hit qui jouera tout le temps, partout, jusqu'à ce qu'une météorite coréenne ou de Puerto Rico ne viennent frapper l'Amérique du Nord à nouveau.
Le labo semble produire une machine à son, prolongement du super vidéo qui accompagne la chanson, où il ne faudrait jamais manquer la rime rain avec le mot name.
Impossible de ne pas regarder le clip sans esquisser un léger sourire moqueur en entendant "Livin' in winter, I am your summer". Son "meeeeeeeeeeeeee" ricochettant comme l'eau sur le dos d'un dauphin émergeant des eaux sales, risque d'écorcher une partie de votre été.
Mais comme le dauphin, vous trouverez cute.
La chanson est moins un selfie que le titre le suggère, mais son cri d'individualité nous rappelle davantage une Katy Perry à ;a robe mouillée, même si c'est la toute aussi mignonne bouille de Taylor qui se pointe dans sa longue robe qui se transforme en chute. Malgré les Cool Chicks et les Lames Guys craints dans la chanson, Le me de Taylor et le You de Brendon ne semblent pas attribuer une seule qualité à aimer aux deux protagonistes que nous tentons de suivre dans le vidéo. Sinon des crâneries. Permettant à tous de brancher son téléphone sur la prise de leur choix. Et ça reste creux de sens. Est-ce si rare un arc-en-ciel contenant toutes les couleurs?
Le vrai message de Taylor étant peut-être qu'il ne suffit que d'être entraînante, jolie et le fun pour subsister car le visionnement du clip est définitivement fun, mais à la radio, y en a pas de vidéo.
Surveillez vos tiroirs, le sel est devenu du Splenda.
Ce qui n'est pas 100% mauvais.
Mais artificiel.
Comme une peau se cherchant un salon de bronzage. Au lieu de simplement goûter le soleil.
*Je fais de la mauvais foi, elle dit bien qu'il n'y a pas de I dans Team et que Awesome n'existe pas sans me, ce qui reste tout de même coquin comme un poodle.