Le niveau des taux d'intérêt historiquement bas de ces dernières années a mis à mal le modèle économique traditionnel des banques, basé sur l'écart entre la rémunération des dépôts et le coût du crédit. La plupart d'entre elles ont réagi en basculant vers une logique de commissions et autres frais prélevés sur toutes sortes d'opérations et services. Et ils se font suffisamment discrets pour ne pas alerter les intéressés, y compris quand la législation (française) impose un récapitulatif annuel de ces ponctions.
Comme quelques autres startups qui s'attaquent à la maîtrise des dépenses des consommateurs, Cushion commence par demander à ses utilisateurs d'autoriser une connexion à leurs comptes courants et leurs cartes de crédit. Celle-ci va lui permettre d'explorer l'historique des transactions enregistrées puis, grâce à ses algorithmes, d'identifier toutes les charges imputées par la banque, sur les virements, sur les achats et retraits réalisés à l'étranger, sur les découverts, pour la « tenue de compte »…
Dans sa version beta actuelle (en accès privé), l'ensemble des échanges se déroule sous forme conversationnelle, au sein de Facebook Messenger. Quand il présente les résultats, le « bot » de Cushion demande à son interlocuteur s'il souhaite contester les frais qui ont été détectés (gratuitement). Dans l'affirmative, il va alors entamer une négociation en utilisant la messagerie privée mise à la disposition de son client par l'établissement visé. En cas de succès, la startup retient 25% des montants restitués, à titre d'honoraires.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'approche fonctionne : il s'avère que les banques sont largement disposées à répondre favorablement aux demandes de remboursement ou de remises et Cushion affirme avoir déjà rendu plus d'un million de dollars à ses quelques milliers de testeurs. La réalité est que, en général, les coûts élevés d'acquisition de clientèle et de gestion des réclamations dans le secteur financier justifient des efforts lorsqu'une pression amicale est exercée et que le processus est automatisé.
Au-delà de ce premier concept, l'ambition de son fondateur est de positionner Cushion, plus largement, sur un créneau que les plates-formes de gestion de finances personnelles classiques tendent à ignorer, consistant à rechercher et activer toutes les sources d'économies sur les dépenses du quotidien. Ainsi, les prochaines étapes pourraient concerner, par exemple, la renégociation des taux d'intérêt ou l'alignement des échéances de règlement des factures d'électricité ou de chauffage sur les jours de paye.
Les méthodes mises en œuvre devraient en outre devenir plus agressives, notamment en intégrant la possibilité de changer d'établissement – que le « bot » continuerait à assurer automatiquement – de manière à obtenir des conditions tarifaires plus avantageuses. Les institutions qui se lamenteraient devant l'apparition de tels outils, menaçant directement leurs rentes, ne pourront que s'en prendre à elles-mêmes et à leur mépris persistant pour les attentes légitimes de transparence exprimées par leurs clients.