Les défaites de la vie sont innombrables
Et tu ne sais toujours compter que sur tes doigts
Comme l’enfant que tu as été
(Cet enfant saurais-tu le reconnaître aujourd’hui ?)
C’est un soir d’été
Dans une petite ville du New Hamsphire
Où tu aurais pu naître
Si le grand-paternel n’en était reparti
Il y a un siècle déjà
Quelques personnes sont attablées
(Pas de visages hostiles)
À la terrasse du café
Où tu t’es arrêté
La rue principale est presque déserte
Quel homme as-tu été ?
Quel homme es-tu devenu ?
Tu n’as jamais été bon
Et la Bonté un jour a fini par t’ignorer
Tu aurais pu tendre une main secourable
À l’époque à qui en aurait eu besoin
Mais cette main c’est la poésie qui l’a prise un jour
C’est le poème à faire
Tu pourrais aujourd’hui te mépriser
Non ce n’est pas l’été et ses fastes
Qui ce soir triomphent
Mais la Pitié
Celle qui ne console
Ni ne pardonne
Combien d’amis as-tu rejetés en cours de route ?
Combien de femmes as-tu abandonnées à la Désolation ?
Quand le jugement viendra
Non pas celui du dieu lointain
Que tu prétends mépriser
Toi à qui on ne la fait pas
Que répondras-tu ?
Les défaites de la vie sont innombrables
Et tu ne sais toujours compter que sur tes doigts
Comme l’enfant que tu as été
Que signifie la paix
Un soir d’été
Si tu n’es pas réconcilié ?
Que signifie-t-elle ?
Le serveur bientôt t’amène l’addition
À l’automne il étudiera les humanités
Non loin d’ici à Dartmouth College
T’apprend-il
Lorsque tu lui demandes ce qu’il fera
Une fois la saison touristique terminée
Quel homme as-tu été ?
Quel homme es-tu devenu ?
Nos guerres sont éternelles
Et personne n’en sort indemne
Nos cicatrices ne se voient pas
Et notre coeur ne s’expose jamais
Parce que quelque chose en nous
Jamais ne sera atteint
La rue principale est maintenant déserte
C’est un soir d’été
Et le serveur te souhaite le meilleur
Pour la suite
C’est un soir d’été
Dans une petite ville du New Hampshire
***
Paul Vallée (né à Ayer’s Cliff, Québec en 1970) – La poésie ne sauve personne