« Maintenant les diplomates prendraient le pas sur les hommes d’actions. L’époque serait aux tables rondes et à la détente. » (J. Lefebvre, les Tontons Flingueurs)
Tout ça pour ça. Souvenons-nous du grand dessein Sarkozyste. Il s’agissait à l’origine de tirer les leçons de l’échec du processus de Barcelone en créant une organisation – l’Union Méditerranéenne – qui aurait comporté, au Nord, les pays de l’U.E réellement concernés par Mare Nostrum, et certains pays de la rive sud. Bref, de sortir la thématique du champ communautaire où elle n’occupait qu’un strapontin misérable et poussiéreux.
Las. Le projet s’est embourbé. Henri Guaino, architecte initial, a été écarté du projet, ses idées ne collant pas avec celles de la Prusse l’Allemagne qui souhaitait garder la main sur ce processus susceptible de faire appel à un financement communautaire. Surtout Angela Merkel n’entendait pas permettre à la France de rééquilibrer l’Union vers le sud, voire même de construire en parallèle de l’UE une UM. La Commission Européenne s’est empressée de torpiller le projet.
La Méditerranée, d’Utsjoki à Tamanrasset
Du coup, on a remis dans la boucle les 27 pays de l’Union. Pendant que d’aucuns glosaient pour savoir si la Syrie devait être invitée, ou pas, vu qu’elle n’a pas de bordure propre en Méditerranée, les chefs d’Etat de Pologne et de Finlande faisaient leurs valises pour venir à la Conférence de Paris. Imaginez que la France soit invitée à un sommet de l’Union pour la Mer noire, et vous aurez une petite idée du ridicule achevé de l’opération.
Conclusion : au lieu d’être pour la France l’équivalent d’un ersatz d’élargissement vers le sud, l’UM s’est transformée en UPM. Union pour la Majorité ? Union pour populaire majorité ? Non, Union pour la Méditerranée. Mais après le bouillon allemand, il a fallu avaler par les narines le gruau espagnol et accepter de soigner l’égo blessé des catalans. Comme les espagnols ne voulaient pas abandonner le processus de Barcelone, la conférence d’hier aura enterré les dernières illusions sur la possibilité d’une « rupture ». La nouvelle organisation s’appelle – ne riez pas – « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée ».
« Entendez-vous le gai refrain des tambourins, accompagné du trémolo des mandolines ? » (Méditerranée, Tino Rossi)
En conclusion, l’Europe reprend les mêmes acteurs, le même processus, les mêmes failles, et passe une couche de vernis. Certes, l’UPM élargit encore un peu plus les participants du Sud mais cela risque plus de la fragiliser que de la rééquilibrer : il y aura autour de la table des gens qui ne peuvent pas se voir en peinture comme Turcs et grecs, Palestiniens et Israëliens.
Bref. Le même bordel en un peu plus gros, tout ceci évidemment n’étant absolument pas financé (une habitude très française). Ah, pardon, nuance ! Outre les frais de réception, tout ceci nous aura coûté la venue de Bachir El-Assad à Paris.
Seule consolation : après une belle aubade par la garde républicaine « Méditerranée », les dictateurs de la Méditerranée ont eu à se payer cinq minutes de lecture par Kad Merad du préambule de la Charte des Nations-Unies, portant déclaration universelle des droits de l’homme. Beau sermon (mais Paris vaut bien une messe, Bachir). Ce fut beau, surréaliste, inutile. Comme dit si bien Théo dans « Les tontons flingueurs » : « Je ne te dis pas que ce n’est pas injuste, je te dis que ça soulage« . Ca soulage, mais je crois que Bachir a laissé pisser…
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