On ne le proclamera jamais assez. Il faut pour Turandot, le plus volcanique des péplums, jouer franco la carte de la superproduction, voire du grand guignol.
Car cette oeuvre complexe, au caractère monumental, implacable dans sa férocité, dominée par l’écrasante personnalité du rôle-titre (qui apparaît à la deux-cent cinquantième page de la partition !) dont la silhouette muette puis menaçante plane d’un bout à l’autre de l’ouvrage, ne supporte pas l’à-peu-près ou la médiocrité.
Charles Roubaud l'a bien compris. Point de transposition, point de modernisme outrancier dans son époustouflant livre d'images importé d'Orange, arrangé, minimisé dans le meilleur sens du terme pour la scène marseillaise, mais qui se révèle, encore une fois, une totale réussite.
En prime cette maîtrise talentueuse dans l’art de donner à voir et entendre, preuve d'un grand respect pour le public, ce qui contribue largement à la crédibilité psychologique et théâtrale des situations de ce livret cruel, hémoglobinesque même, se feuillettant ici comme un charbonneux voire démoralisant conte de fées.
Le metteur en scène nous installe en première classe d’un fabuleux, fantasmagorique voyage au cœur d'une Chine laquée, hors du temps.
Les costumes épurés dans les tons de noirs ou roses (Katia Duflot), les éclairages, surnaturels (Max Delamézière), le décor fonctionnel un peu passe-partout (Dominique Lebourges), portent parfois eux aussi aux rêves. Nous voilà bel et bien dans un glauque manga, boosté au meilleur poppers par la musique la plus inventive, la plus sidérante du vériste en chef : Giacomo Puccini.
On ne sort pas indemne, mais comme groggy, de la représentation, tant ce que si passe sur le ring phocéen est d’une fluidité, d’une progression dramatique constante, captivante de bout en bout, avec cette régie des foules digne des meilleurs shows made in Broadway.
Avec ses effectifs orchestraux et choraux impressionnants, conférant à l’ouvrage une "aura" de Messe noire, une évidence s'impose : il faut à Turandot de grandes voix dont seule l’ampleur permettra de chanter naturellement, sans ces efforts entraînant une perte de la qualité du chant et de l’organe.
Jean Teitgen, campe comme il se doit un imposant et digne Timur. Des trois ministres, honorables, visqueux, fieleux comme il sied à des ministres véreux, noirs comme la meilleure encre de Chine, le Ping d'Armando Noguera, le Pang de Loïc Felix font de leur mieux pour ne pas être écrasés par Marc Larcher (Pong).
Empereur (Rodolphe Briand) et Mandarin (Olivier Grand) bien en place eux aussi.
Depuis peu specialiste du rôle qu'elle trimable un peu partout sur la planète, Ricarda Merbeth s'installe dans un confortable à-peu-près, s'arrange de la partition avec une intelligence diabolique et décoit un tantinet.
On s'attendait à un volcan en éruption et nous avons eu droit à un feu de Bengale.
Sa floppée de si et ut est certes bien négociée mais se révèle ici des flechettes et non les javelots traditionnels. La soprano dessine pourtant avec justesse autant une petite fille capricieuse qu’une Princesse altière, inaccessible, névrosée. Cet iceberg pékinois finira, comme le veut la tradition, en glaçon pour thé au ginseng aux scènes finales...
Ludivine Gombert, toute de sucre et de miel, telle la meilleure barbe de dragon, séduisante dans sa spontanéité, avec une belle maîtrise des aigus tenus sur le souffle, campe une touchante Liù, à rapprocher des Freni ou Guiot d'antan...
Antonello Palombi enfin vous chante un Calaf d’une désarmante facilité. Tout y est : irrésistible italianità, éclat solaire du timbre, fierté et douceur de la note, toujours au plus près du texte musical et de ses nuances, le tout enrobé de musicalité raffinée, simple sincérité.
Engagé comme pas deux, coiffé à la Belle des Champs, le ténor spoletain paie comptant, généreux comme ses plus illustres aînés.
Osant Puccini aux dimensions d’une boucherie funèbre, tragique, lunaire, Roberto Rizzi Brignoli décape Puccini de belle manière ! Il y a fort longtemps que la finesse, la richesse orchestrale et chorale de l’ouvrage n’avaient été aussi somptueusement sublimées.
A la tête de l'Orchestre Maison (encore une fois génial), des Chœurs (d'une générosité exemplaire, comme transportés), le chef donna une lecture spectaculaire mais toujours respectueuse des nuances diaphanes de cette allégorie magique, unique, surnaturelle, fantasmagorique.
Et nous rappelle, çà et là, par petites touches sournoisement indélébiles, que cet opéra est bel et bien contemporain du Wozzek d’Alban Berg.
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