Bernard Quesniaux, en s’amusant, pose beaucoup de questions, et, d’abord sans doute : qu’est-ce que la peinture ? Il tente d’y répondre en multipliant les approches : volumes, couleurs, matières, et mots. Et peut-être d’abord le titre de cette exposition : « En remontrer ». Titre à double sens : montrer de nouveau, ce qu’il fait ici pour des oeuvres qu’il a déjà présentées ailleurs, et faire la leçon, où il exprime des jugements sur ses propres oeuvres et, par ricochets, sur d’autres oeuvres. Ainsi, de son approche du monochrome qui est de plusieurs couleurs et même rehaussé de têtes d’éléphants !
Mais, pour arriver à cette oeuvre qui emplit un espace et ne se limite pas à la surface plane, il faut franchir avec lui la question du socle. À l’emplacement où Lionel Sabatté, en 2013, avait placé ses loups faits de la poussière du métro, Bernard Quesniaux pose un caniche couché tenu en laisse par un personnage installé perpendiculairement au mur. La coïncidence est sans doute un effet du hasard mais elle me dit quelque chose de la posture des artistes et de ma propre perception de l’oeuvre d’art.
Tel visage dessiné intitulé « tableau indéfendable » invite a contrario à le trouver plus que défendable. Et la série de mensonges soulignant des figures (par exemple « Il avait dit « Deleuze » devant tout le monde ») me fait sourire ou franchement rire et m’amène à penser à d’autres phrases qui pourraient accompagner ces mêmes figures. C’est un jeu donc, et, évidemment, un « je » puissant. Un regard sur la rue, la vie, les gens. Une façon de prendre la réalité et de nous dire : « Alors ? Quoi ? Faire le beau ? »