Notre-Dame n'est pas une salle de sport !

Publié le 28 avril 2019 par Melusine

Le fleuron de l'architecture française, chef-d'œuvre du patrimoine mondial et lieu sacré millénaire au cœur de Paris, vient de souffrir un énorme incendie, toujours inexpliqué, qui le laisse fragile et éventré, ouvert aux quatre vents. Les cendres de la cathédrale Notre-Dame n'étaient pas encore refroidies que le Président de la République française annonçait que, ô surprise ! "on" va la restaurer - en son sabir : "reconstruire". Imaginez le contraire... Et là, il sort sa sébile et "A votre bon cœur, M'sieurs-Dames !".

En attendant que Monsieur M. écrase Notre-Dame d'une statue géante de lui-même en guise de flèche, l'enquête sur les causes d'une catastrophe par ciel d'azur reste à faire et le sauvetage de la cathédrale n'est pas terminé, loin s'en faut, des étais nécessaires à la toiture provisoire en passant par le temps de séchage après le copieux arrosage des lances à incendie.

Mais déjà les marchands ne se tiennent plus de joie. Il faut dire que depuis 2017 les pouvoirs publics ont dans leurs cartons un "grand projet" de commande signé Dominique Perrault (vous savez l'architecte qui voulait conserver les livres dans des tours en verre...). Sur une idée soufflée à François Hollande ou à Anne Hidalgo, on ne sait plus très bien, par quelque haut fonctionnaire de Bercy, il s'agit ni plus ni moins de détourner le flot des visiteurs pour les faire banquer. Eh oui, pensez donc : 15 millions de quidams par an qui viennent voir une église gratis, ça ne va pas du tout ! Si on leur soutire ne serait-ce que 20 teuros chacun, cela vous fait déjà du 300 millions. Pas pour le denier du culte, non, certes pas. Et si on vous met le tout avec parvis commercial et visite du nouveau toit ouvrant panoramique-bar branché-plantes vertes au tarif Disneyland-Paris, soit 79€ la journée, faites le compte. On dépasse le milliard. Tout bénéfice.

Alors on comprend mieux pourquoi ces Messieurs ont sauté sur l'occasion et pondu un projet de loi en procédure accélérée qui prévoit de faire fi de tous les vestiges archéologiques dont le sous-sol du parvis est truffé et s'asseoir sur quelques autres lois qui gênent :

"...il pourra être procédé à des dérogations ou des adaptations s'appliquant aux règles d'urbanisme, de protection de l'environnement, de voirie et de transports, ainsi qu'aux règles de commande publique et de domanialité publique. Cette dérogation ou adaptation pourra également porter sur l'archéologie préventive concernant par exemple la procédure de choix de l'opérateur, ainsi que les règles de préservation du patrimoine concernant notamment le droit applicable aux immeubles construits aux abords d'un monument historique. Par ailleurs, les règles de compétences contentieuses pourront être adaptées par voie réglementaire."

Cela en fait des atteintes aux bonnes règles et aux lois de la République ! Décidément, miraculeux cet incendie ! Et le tout pour les Jeux Olympiques, s'il vous plaît ! La même année - 2022 - sera celle des présidentielles... Pour qui connaît les liens entre le bâtiment et la politique, tout bénéfice je vous dis.

Trop fort, King Kong !

Quand retrouvera-t-on en France un gouvernement qui ne soit pas constitué d'opportunistes ignares et de festivistes immatures ?