Depuis ma tendre enfance, j’entends parler de cette résistance à l’entrée des anglicismes dans la langue française. Un livre ponctua la lutte dans les années 60 « Parlez-vous franglais ? » d’Etiemble. Et puis, comme toujours, non seulement des avis contradictoires ont été proférés, mais aussi un certain équilibre s’est instauré. Il en ressort que la langue française est assez vivante pour englober et parfois pour franciser ces apports extérieurs (pas seulement anglais, mais arabes, italiens, etc.) !
Il faut être attentif à traduire l’intrus anglo-saxon. C’est parfois difficile parce qu’il y a un « trou linguistique », (aucun mot ne définit mieux l’objet que celui utilisé ailleurs et ce peut être aussi parce que son usage a été entériné très vite ou parce que le mot est plus court, plus joli, sonne mieux…)
Un seul exemple actuel : selfie est difficile à traduire, mais les Québécois disent « egoportrait » et les Français tentent de suggérer « auto-cliché » ou « auto-photo-portrait ».
Si je vous entretiens de cela, c’est que je viens d’acheter et de lire « 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser ! » de Jean Maillet, aux éditions Le Figaro Littéraire. Il s’agit non pas d’un simple lexique, mais bien de l’explication des origines du mot, de son utilisation et des propositions pour trouver un équivalent français.
Dans son introduction, l’auteur écrit aussi que si la concision est l’attrait essentiel des mots anglais, le français a des atouts et de l’inventivité à revendre. Comme « exclu » à la place de scoop, « aire d’ouverture » à la place d’open space et « défier » à la place de challenger…
Je vous engage à découvrir les anglicismes qu’on peut remplacer, et pour vous mettre en appétit voici ce petit texte (puisé dans la préface) qui illustre tellement bien le propos :
« Fossoyeurs de notre langue, ils boostent au lieu de dynamiser, checkent là où il conviendrait de vérifier, font un break plutôt qu’une pause, débriefent quand il serait mieux de faire un bilan, concluent un deal à la place d’un marché, préfèrent le coaching au mentorat, privilégient le sponsoring au partenariat, le challenge au défi, dispatchent ce qu’il vaudrait mieux distribuer, cherchent à faire le buzz plutôt qu’à défrayer la chronique, décrètent glamour ce qui n’est que charmant, organisent des castings plutôt que des auditions ou des essais, parlent de people plutôt que de célébrités, trouvent fun ce qui n’est que drôle, pratiquent le turnover quand il ne s’agit que de renouvellement, craignent le burn-out plus que l’épuisement professionnel. »
Vive la langue française !