Dans Terre minée, le lecteur retrouve une partie des personnages de Mer porteuse, tandis que d'autres personnages font leur apparition, mais ces nouveaux personnages sont peu ou prou en lien avec les anciens, sur au total sept générations au lieu de cinq.
Tous les personnages de la saga sont confrontés à une terre minée: une guerre peut en cacher une autre, et si ce n'est pas à une guerre générale, c'est à une guerre locale à laquelle ils se trouvent mêlés et dont ils sont les victimes d'une manière ou d'une autre.
La guerre est sans fin. A peine signé l'armistice de 1918, que les prémices d'une autre se profilent avec la montée des périls dans les années 1930 et l'insécurité qui accompagne la crise économique au cours de laquelle misères et violences s'entretiennent.
Après la Deuxième Guerre mondiale, le Sud-Est asiatique s'embrase. D'autres guerres y font des ravages: guerre idéologique au Cambodge, guerre entre le Nord et le Sud au Vietnam, où le régime communiste fait fuir les gens, qui s'échappent sur des bateaux.
Au milieu des mines et des destructions, il n'est dans ce roman qu'un seul havre de paix, la Suisse, où certains des protagonistes se retrouvent et découvrent incrédules qu'il peut exister quelque part en ce monde une terre qu'il n'est pas besoin de déminer.
Parmi les traumatismes qui résultent de cette terre minée par l'incompréhension des différences humaines et par l'éloignement des êtres humains, il y a la perte des origines pour certains, dont une partie d'entre eux se met bien naturellement en quête.
Cette saga que raconte Didier Burkhalter a quelque chose d'épique, sans doute parce qu'elle se déroule dans un espace planétaire, et en un temps séculaire, et qu'aux bons moments, il sait faire parler la Terre en lui prêtant des accents poétiques.
Francis Richard
Terre minée, Didier Burkhalter, 334 pages, L'Aire
Livres précédents:
Enfance de Terre (2017)
Là où lac et montagne se parlent (2018)
Mer porteuse (2018)