Selon un scénario typique de sa personnalité, Elon Musk, son directeur général, a en effet incorporé cette annonce dans une conférence téléphonique qu'il donnait aux analystes financiers, à l'occasion de la présentation des résultats trimestriels du constructeur. Fidèle à son habitude, il n'a pas fourni beaucoup de détails sur l'offre qui sera proposée, si ce n'est qu'elle devrait être beaucoup plus intéressante que les produits disponibles aujourd'hui et qu'elle pourrait être commercialisée dès le mois prochain.
L'initiative ne peut réellement constituer une grande surprise, puisqu'elle s'inscrit en droite ligne de la promesse – faite lors du même événement – du déploiement en 2020 de capacités de conduite totalement autonome sur les véhicules de la marque. Si le secteur de l'assurance frémit ces derniers temps face à la perspective de cette révolution de l'automobile, aucune compagnie (ni aucune startup) n'a pour l'instant de solution opérationnelle à mettre sur le marché, dans des conditions d'exploitation industrielles.
Cependant, l'enjeu pour Tesla ne se réduit pas à lutter contre la timidité des progrès enregistrés dans la réinvention de l'assurance pour un monde dans lequel le responsable d'un accident n'est plus un pilote humain. Son ambition est également de concevoir de nouvelles approches d'évaluation des risques, basées sur la masse considérable d'informations produite par les véhicules modernes, permettant à la fois de maîtriser le modèle global et de personnaliser les garanties selon le profil du propriétaire.
Quand Elon Musk précise que les données générées par les voitures de Tesla sont déjà partagées avec les assureurs, il semble indiquer, indirectement, qu'il juge très insuffisants les efforts de ces derniers pour prendre en compte les particularités de la marque et les évolutions technologiques introduites dans sa production pour améliorer la sécurité. Son discours vient ainsi apporter un éclairage différent sur le débat (voire le conflit) qui oppose par ailleurs constructeurs et assureurs sur l'accès aux données…
Quoi qu'il en soit, avec cette extension de sa palette de compétences, Tesla poursuit agressivement sa stratégie d'« expérience de l'automobile », intégrant à l'acquisition du véhicule l'ensemble des services nécessaires, de manière transparente (et économique). Outre le surcroît de simplicité et de fluidité de la relation pour ses clients, il s'agit de la seule manière d'innover en cohérence, dans un écosystème où, malheureusement, les parties prenantes ne parviennent pas toutes à suivre le rythme des transformations.