Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 10-11-12

Par Blackout @blackoutedition

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE


Pour le livre de Richard Palachak, "Vodka Mafia", c'est par la : VODKA MAFIA

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 10

Après ce dépucelage dans le sang, les combats s'enchaînent pour Ondro tandis que Pet'o et les Géorgiens s'en mettent plein les fouilles. Étant donné que le géant fait figure de challenger inexpérimenté, la masse des parieurs mise à chaque fois sur son rival et les turfistes de l'hémoglobine déchantent. D'autant plus que les fights ne durent jamais plus de trente secondes, même avec les killers légendaires des quatre coins de la Slovaquie. Au bout d'un mois de carnage, les Géorgiens foutent la pression au gamin pour qu'il savonne son frère. Faut faire durer le suspens, faut que les spectateurs se déchaînent et qu'ils en aient pour leur oseille. Ordre est donné de retarder les Knock-Out au troisième et dernier round. En échange de quoi, ils feront venir du gros balèze de Russie et augmenteront le pourcentage des frangins à trente. Sauf qu'Ondro ne pige que dalle aux nouvelles instructions et continue machinalement son entreprise de massacre automatique. Et comme les Géorgiens ne sont pas cons, ils voient bien qu'aucune de leurs armes de persuasion habituelles ne pourraient rendre la lumière au cerveau charbonné d'un être déficient. De la même manière, il serait parfaitement inutile de s'acharner sur le mioche, qui ne détient pas les pièces manquantes du système robotique d'Ondro. Va donc falloir changer de stratégie sur ce coup-là...

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 11

Les vory compliquent alors les matchs en les rendant de plus en plus trépidants, tordus et délirants. La formule marche plutôt bien, à trois contre un, munis de rotins, parfois même avec des chiens. Ils y foutraient un ours s'ils le pouvaient. Et les combats durent enfin plus d'un round. Même qu'une fois sur deux, Robot' est mis sur le carreau, déglingué. Les paris sont enfin rationnels, sauf que les Géorgiens ne parviennent toujours pas à truquer le jeu et à en prévoir le résultat. Par ailleurs, la mère des frangins chie des pendules à chaque fois qu'elle voit dans quel état son aîné rentre après les combats. Malgré l'argent que lui donne Pet'o pour faire passer la pilule, elle ordonne à celui-ci de mettre un terme à son business dégueulasse, qui finira par crever la gueule d'Ondro. Pris en étau entre la pression des vory et celle de ses parents, Pet'o n'a d'autre choix que de changer son fusil d'épaule. Il faut donner un nouvel usage au Robot', un boulot tout aussi crado que le précédent, mais imperceptible pour ses parents et cent pour cent contrôlable par les Géorgiens... qui ont passé l'éponge sur les viols de prostituées, jusque-là. Pour résumer, si les affaires ne décollent pas illico et discreto, la trogne de Pet'o servira de ballon de foot aux autres gamins du quartier.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 12

L'idée lumineuse fuse un soir dans une taverne où Robot' a l'habitude de boire ses cinq litres de bière quotidiens. Dans sa pauvre vie motorisée, le grand frère n'éprouve aucun besoin si ce n'est celui de bouffer et de chier. Aucune notion de l'horizon et très peu de souvenirs du passé, il se suffit dans le présent. Cependant comme tout être humain, il a son péché mignon : la bière... qu'il boit par seaux sans ne jamais manifester le moindre signe d'ivresse. Les autres clients du bar accordent beaucoup de respect à cette levée de coude épatante. Ils en rient aussi et s'amusent à désigner le jus de semelle comme « du carburant de robot ». Alors à chaque fois que la pinte d'Ondro se vide, il en est toujours un qui se met à gueuler : « Allez ma jolie, remets donc un litre de gasoil dans notre bon vieux robot ! » Inutile de dire que le coût d'entretien d'Ondro est dérisoire pour Pet'o. D'autant plus que le géant se fout pas mal du fric, à des années lumières des histoires d'investissement, de pertes et de profits. Le colosse ne demande qu'à recevoir chaque soir sa récompense blonde, fraîche et houblonnée. Mais revenons un instant à la brillante idée qui frappe l'esprit de son petit frère, un soir de beuverie comme un autre, à la taverne Hviezda. Un soir comme un autre... ou pas tout à fait, car ce soir-là précisément, un vieil alcoolo s'approche de Pet'o et lui lance : « Je te donne dix euros si tu m'autorises à coller un pain dans la tronche de ton frangin. »

Richard Palachak

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