Londres n'est pas Paris. La misère y est abjecte. Car c'est une ville pauvre, froide et humide, en proie à une pollution permanente, qui entre dans les habitations et saisit à la gorge. Ce livre a quelque-chose de balzacien. On y est obsédé par l'argent. Tout est calcul permanent. Il est question du prix de tout : du pain, des taudis, des habits, des livres (d'occasion)... On y indique les revenus qu'il faut pour survivre, pour entretenir une femme, etc. L'obsession du romancier, c'est de gagner assez pour pouvoir se marier. Seulement, il sait qu'un ménage peut, par ses dépenses, causer sa perte. Alors, il a la tentation de se marier "au dessous de sa condition", ce qui tourne mal, la plupart du temps. Et lui ferme les portes de la bonne société, nécessaire à la réussite.
Il y a des gagnants, aussi. Ce sont ceux qui savent qu'ils n'ont pas de talent. Le romancier raté, qui conseille les auteurs, ou le critique - polémiste, qui met sa plume au service des intérêts favorables à sa carrière. Eux jouent avec les règles du marché.
New Grub Street a été écrit en deux mois, et c'est perceptible. Il y a du flottement. Du remplissage. Cela manque de substance. Ses trois livres auraient dû en faire un, dit-on à un personnage. C'est un bon conseil. Mais c'est un témoignage fort. L'économie de marché produit toujours les mêmes phénomènes. Ce livre parle d'aujourd'hui.