Il y a un grand écart entre les pays nordiques et la France. Et puis un autre grand fossé avant d’arriver en Grèce, et enfin un grand fossé avant d’atteindre le Venezuela tout en bas. Tous ces pays devraient-ils être qualifiés de la même manière ?
Dans les quatre précédents articles de cette série, j’ai examiné les différentes formes que revêt aujourd’hui le socialisme au Venezuela, dans les pays nordiques, en Grèce et en France.
Et j’ai délibérément choisi ces pays parce qu’ils sont emblématiques de socialismes différents fondés sur des caractéristiques bien distinctes :
Le « social-libéralisme » dans les pays nordiques allie État-providence et économie de libre marché ;
La social-démocratie dirigiste de la France se caractérise par l’interventionnisme de l’État dans tous les domaines socio-économiques ;
La social-démocratie dépensière de la Grèce cumule les nombreux travers d’un pays étatiste à la dérive : État-providence pléthorique, dépenses publiques démesurées, endettement excessif, fardeau fiscal, dérives bureaucratiques, népotisme ;
La révolution bolivarienne au Venezuela, financée par une captation de l’argent du pétrole, bafoue régulièrement l’état de droit et aboutit à un appauvrissement généralisé.
Tous sont parfois qualifiés de pays socialistes, mais si vous regardez le classement de l’Economic Freedom of the World, vous remarquerez que ça n’a pas beaucoup de sens.
LE CONTINUUM DES SOCIALISMES
Par exemple, les pays nordiques jouissent d’une grande liberté économique et ne sont que légèrement en retard par rapport aux États-Unis, c’est pourquoi j’ai expliqué dans la deuxième partie que si ces nations sont socialistes, alors l’Amérique l’est aussi.
Et il y a un grand écart entre les pays nordiques et la France. Et puis un autre grand fossé avant d’arriver en Grèce, et enfin un grand fossé avant d’atteindre le Venezuela tout en bas. Tous ces pays devraient-ils être qualifiés de la même manière ?
Alors, à quel endroit devons-nous tracer la ligne de démarcation pour séparer les pays socialistes des pays non socialistes ? J’avoue que je n’ai pas de réponse parce que, théorique ou courante, il n’y a pas de bonne définition du socialisme.
Si le terme socialisme désigne la planification centralisée, les prix déterminés par l’État et la propriété collective des moyens de production contrôlée par l’État, alors les seuls pays qui correspondent vraiment à cette définition sont probablement Cuba et la Corée du Nord. Et ils ne font même pas partie du classement précédent en raison de données économiques incomplètes.
Mais si le simple fait d’avoir un État providence suffit pour définir le socialisme, alors tous les pays autres que Hong Kong et Singapour peuvent sans doute être qualifiés de socialistes.
Compte tenu de cette imprécision, je serais très curieux de voir où les lecteurs pensent que la limite devrait être tracée.
En tout cas, c’est la raison pour laquelle les libéraux devraient peut-être cesser d’utiliser ce terme. Personnellement, je préfère parler d’étatisme ou d’étatistes.