Coup de Cœur – Cuvée Ico(o)n Ortas – Cave de Rasteau

Par Gourmets&co

Cette fameuse cuvée bénéficie des meilleures parcelles de la cave de Rasteau. Grenache de 40 à 90 ans, et syrah à petites grappes, avec différentes expositions pour apporter des maturités variées et donc une certaine complexité à l’ensemble. Un peu de mourvèdre pour ne pas laisser de côté ce seigneur des régions du sud, et le tour est joué. En prime, le (o) entre parenthèses, marque de fabrique de Philippe Stark.
Un cuvier spécial, est réservé à Ico(o)n. Auparavant, vendanges manuelles, tri automatique puis manuel, et encuvage par le bas de cuve. Douze mois en barriques (40% de bois neuf) et demi-muids de chêne français. Le travail minutieux à tous les stades du vin est une exigence qui est parti de l’étude du sol et de définition des parcelles jusqu’à la vinification et l’élevage. Un choix délibéré pour mettre en avant et à part, dans la production de la cave, cette cuvée emblématique.

Atelier Ic(o)on
Les recherches d’accords mets et vins sont en général un art difficile, sinon une besogne laborieuse et furieusement subjective, à part quelques évidences indiscutables.

La rencontre de plusieurs millésimes d’Ic(o)on avec la cuisine de Julien Allano, le grand chef de Grignan en sa belle table Le Clair de la Plume, en fut une nouvelle preuve.

Lors d’une précédente dégustation, nous avions mis en avant deux millésimes qui représentaient fort bien et avec clarté le travail et l’approche de l’équipe de vignerons et autres œnologues de la cave de Rasteau par rapport au Grenache noir, vieux cépage local mais qui, sous leurs mains, a retrouvé une seconde jeunesse. Lors de cette verticale plus récente (début mars 2019), notre opinion a peu changé et nos deux millésimes préférés demeurent les mêmes. Petit rappel :

Cuvée Ico(o)n 2010
Cépages : grenache noir, syrah, mourvèdre
Un vin remarquable de puissance et de richesse. Complexité du nez sur un festival de fruits rouges, une bouche exceptionnelle de suavité, un vrai velours, et une belle fraîcheur. Un grand vin.

Cuvée Ico(o)n 2012
Cépages : grenache noir, syrah, mourvèdre.
Un nez intense sur les fruits rouges bien murs, en bouche puissance assortie d’une grande finesse et d’un équilibre magnifique. Du fruit rouge, du cacao léger et un peu d’épices pour un vin quasiment phénoménal, dense, intense et qui envahit le palais pour notre plus grand bonheur. .

Il était intéressant de confronter si l’on peut dire, ces divers millésimes à des plats imaginés et réalisés par Julien Allano sous la houlette de Jean Dusaussoy, chargé d’organiser cet atelier, ce qui fut une tâche ingrate mais jouissive dont il se sortit avec le panache et le professionnalisme qui le caractérisent.

Truffe de Grignan en chausson feuilleté. Ic(o)on 2013.
Le plat est d’une simplicité biblique mais parfaitement réalisé. Un dernier plaisir de fin de saison avant le retour en terre. Paradoxalement, alors que la truffe du coin et le grenache local devraient s’entendre comme larrons en foire, ils minaudent se font des clins d’œil, mais n’arrivent pas à conclure. La raison en reste un peu énigmatique, peut-être la puissance rustique de la truffe « écrase » la fragilité en bouche de ce millésime. On s’attendait à une évidence, nous avons eu des hésitations. Comme quoi…

Betteraves de Mr Darnat, escargot fumé. Ic(o)on 2010.
En fait, un millefeuille de betteraves rouges, agrémenté d’escargots fumés. Pas facile avec le fond sucré des betteraves de venir se coltiner au magnifique 2010 (voir plus haut). Un plat qui appelait presque un blanc, donc nous étions loin du compte.

Pigeon de Mr Durand en deux cuissons, tarte qui n’est pas au chocolat. Ic(o)on 2011.
Voila une évidence. Un accord qui provoque des hourrahs et l’unanimité (ou presque) est un moment de pur bonheur dans la communion des goûts et des couleurs. Le plat est rouge et noir dans les tons, puissant dans les saveurs, magnifique dans la réalisation. Il appelle de tous ses vœux un rouge avec de l’ampleur, possédant un nez riche et subtil à la fois sur les fruits rouges bien mûrs, résultat d’un beau travail sur l’élevage. Le 2011, parce que c’était lui, fut au rendez-vous, avec quel talent.

Saint-Marcellin en création glacée, citron, rencontre avec l’olive. Ic(o)on 2012.
Anarchie dans l’assiette et donc dans l’accord. Un dessert qui n’en est pas un, qui part un peu dans tous les sens, sans sens commun, une présence de l’olive fort discutable et le glacé du pauvre fromage tue dans l’œuf tout accord digne de ce nom avec un vin rouge. En plus avec le 2012 qui est la quintessence (pour l’instant) d’Ic(o)on. Dommage car ce millésime superbe méritait un peu plus d’attention et de tension.

De toute façon, remercions tous les participants, des vignerons au chef et son équipe, et ne boudons pas notre plaisir qui fut intense, passionnant, et surtout fort convivial.

Cuvée Ic(o)on : 39 €.

Route des Princes d’Orange
84110 RASTEAU
Tél : + 33 4 90 10 90 14
E-mail : caveau@rasteau.com