Il garde la solitude comme sa chambre le garde
comme l’obscurité garde le jour qui ne se lève jamais
Carcassonne les mille pages d’un alphabet de pierre
Il garde le rêve
comme le sommeil la main qui l’étreint
Le cri a pris ses yeux
il a épousé le langage
Il garde le langage
comme le tableau garde sa forêt aux cheveux d’îles bien peignés
Il garde l’imaginaire
comme la mer le fleuve et ses noyés
Ses yeux décalquent la nuit dans le mot souffrir
et les épluchures de paupière du réel
Il garde sa blessure
comme la lame sa plaie
Il cherche la vie
qui se cache dans ce qu’il est : l’amour
Il cherche la vie dans un sommeil sans préjugé
dont il fume les doigts d’opium
Une veilleuse brûle à la surface d’un lac
l’ortie de son corps endormi dialogue avec la douleur
La colonne vertébrale des étoiles explose dans sa chair.
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Christophe Dauphin (né en 1968 à Nonancourt) – Poème ultime recours / Une anthologie de la poésie francophone contemporaine des profondeurs (Recours au poème Editeur, 2015), Matthieu Baumier & Gwen Garnier-Duguy