Chérif Soumano, l’étoile filante de la Kora

Publié le 20 avril 2019 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Cherif se définit comme un jeune garçon timide, surtout dans le cercle familial, têtu et qui aimait l’école. Cette première caractéristique l’empêche de poursuivre une carrière dans la chanson. "J’avais la plus belle voix à l’école, mais je n’ai pas assez confiance en moi pour chanter devant un public". C’est donc vers la Kora que va se reporter son talent et il apprend en regardant jouer ceux qu’il qualifie comme ses "maîtres": Toumani Diabaté et Ballaké Sissoko. Sans prendre de cours? "vouloir, c’est pouvoir" répond-t-il en souriant. A 38 ans, son ascension est fulgurante et parsemée d’instants providentiels, tels que sa rencontre avec la star internationale du Jazz, Dee Dee Bridgewater. En 2005, la chanteuse se rend à Bamako pour y enregistrer son album "Red earth". "J’étais seulement venu pour accorder la Kora de Toumani (qui a dû partir en voyage de façon imprévue avant la fin de l’enregistrement de l’album). Elle a entendu ma musique et m’a proposé de jouer avec elle!".

Il ne compte plus ses collaborations musicales avec les plus grands depuis ses débuts: le bassiste Marcus Miller, le pianiste cubain Roberto Fonseca, le saxophoniste Archie Shepp ou encore l’Ivoirien Ti Ken Jah Fakoly dont il contribue à l’album "l’Africain" en 2007. C’est donc sans surprise, qu’il est monté sur la scène de l’Institut français d’Abidjan fin mars 2019, pour un concert improvisé, répété en trois jours, avec des musiciens qu’il n’avait jamais rencontrés auparavant. Une révélation pour le public ivoirien peu connaisseur de l’instrument. "Je voulais démontrer que la Kora, même si c’est un instrument traditionnel, peut jouer des sons qu’ils ne sont pas habitués à entendre". Pari réussi!

"Pour évoluer dans la musique, il faut multiplier les collaborations. C’est ça qui ouvre ton champ musical", révèle l’artiste qui sait jouer tous les styles de musique ou presque avec son instrument atypique, agencé entre cordes, peau de mouton et structure de bois et de calebasse.

C’est en partie ce qui expliquerait son lieu de vie. "Je vis à Paris, non pas parce que je n’aime pas le Mali mais mon style de musique sait s’adapter à l’Occident et j’ai beaucoup d’opportunités musicales ici". Chérif Soumano ne met aucune barrière entre lui et la musique et cette philosophie musicale se retrouve dans la formation bien nommée "African variation" où il joue avec le guitariste manouche Sébastien Giniaux. Cette diversité l’a conduit à parcourir l’équivalent de deux fois le tour du monde grâce à la musique et il ne compte pas s’arrêter là. Il accueille favorablement la récente directive européenne sur les droits d’auteurs qui contraint désormais les plateformes numériques (comme Facebook ou YouTube) à rémunérer les artistes quand leur travail y est diffusé et partagé. "C’est du bonheur pour nous si on protège mieux nos droits et nos œuvres".
Chérif Soumano continue de sillonner la planète pour le plus grand bonheur de ses fans. Rendez-vous le 9 mai prochain à Addis-Abeba!

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