La construction de Notre-Dame de Paris avait démarré en 1163. Durant plus de 800 ans, malgré les révoltes de 1789 et deux guerres mondiales, ce chef d’œuvre de l’architecture a tenu bon et la charpente en bois de chêne n’a jamais brûlée.
Mais Notre-Dame n’aura pas survécu à l’amateurisme de la classe politique contemporaine, totalement incapable de préserver ce trésor de la nation, monument le plus visité d’Europe et classé au patrimoine mondial de l’Unesco…
Comble de l’absurdité, si Notre-Dame de Paris n’avait pas été en restauration, le drame du 15 avril n’aurait sans doute pas eu lieu. Et à en juger par la liste des monuments historiques déjà ravagés par des incendies durant des travaux de remise en état, cet événement est loin d’être un cas isolé :
- la cathédrale de Chartres avait été entièrement détruite par le feu à la suite d’une négligence de chantier en 1836,
- la cathédrale de Nantes en 1972,
- l’hôtel de ville de La Rochelle en 2013,
- l’hôtel particulier Lambert de l’île Saint-Louis, à Paris en 2013,
- la cathédrale d’Auxerre en 2016,
Court-circuit monétaire
Malgré tous ces drames, les mesures de sécurité semblent avoir peu évolué. Les spécialistes du patrimoine se plaignent depuis longtemps des lacunes d’une réglementation qui reste muette sur ce genre de péril dans l’indifférente totale des pouvoirs publics de gauche ou de droite qui n’ont jamais voulu daigné la modifier.Le ministère de la culture continue de ne pas soigner ses chefs-d’œuvre et les protestations émises, l’an passé, par Stéphane Bern n’ont pas changé grand-chose.Pour l’entretien de tous les monuments qui lui appartiennent en propre (200 immeubles dont 86 cathédrales), l’Etat n’a prévu que 18,8 millions d’euros de crédits de paiement pour 2019, soit moins de 100 000 € par bâtiment. Pour les chantiers de restauration, ce n’est guère plus brillant : 71,8 millions € pour les 14 100 édifices ou objets classés monuments historiques, qu’ils soient propriété publique ou privée.La mairie de Paris a bien annoncé le 16 avril qu’elle débloquait 50 millions € pour Notre-Dame mais certaines églises parisiennes, faute de crédits, se trouvent aujourd’hui en grand péril : celle de La Madeleine par exemple, comme en témoignent les photos d’installations électriques vétustes diffusées sur le site de « La Tribune de l’art ».Sur l’île de la Cité également, d’autres monuments ne paraissent pas mieux lotis. Tel l’historique palais de justice, dont une bonne partie désertée depuis le départ du tribunal de grande instance pour le quartier des Batignolles, se retrouve ouverte aux quatre vents avec des empilements de meubles inflammables dans les couloirs et des circuits électriques en piteux étét. Pour Notre-Dame de Paris, l’Etat a joué les pingres depuis de nombreuses années. Le programme d’urgence lancé ces derniers mois en a fourni une preuve supplémentaire. Sur les 210 millions € de travaux prévus, le ministère de la Culture ne s’était engagé à n’en verser que 40 d’ici 2029 (4 millions € par an alors que la simple pose du seul échafaudage avait été estimé à 2 millions € ). Des sommes dérisoires comparées aux cadeaux faits aux ultra-riches par le gouvernement d’Emmanuel Macron : suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (près de 5 milliards € de recettes fiscales en moins), la mise en place d’une taxe allégée sur les revenus financiers (près de 4 milliards € de recettes en moins), la suppression de l'exit taxe qui était destinée à dissuader les Français d'installer leur foyer fiscal à l'étranger (800 millions € de recettes en moins) pour ne citer que ces trois mesures. Des familles ultra-riches et des mécènes qui se bousculent maintenant pour veniren aide à la reconstruction de Notre-Dame en promettant de verser des sommes considérables avec la bénédiction du président de la République. François Pinault donne 100 millions €, Arnaud Lagardère donne 200 millions € ! L’argent coule à flot aussi pour d’autres projets. Ainsi le ministère de la culture prévoit toujours de dépenser 600 millions € d’ici aux JO de 2024 pour transformer le Grand Palais de Paris en un centre commercial et en salles d’exposition, alors que la majeure partie de ce monument a été récemment restauré !Finalement, l’incendie de Notre-Dame n’est pas la faute à pas de chance. Si la cathédrale a pris feu, c’est parce que ceux qui devaient la protéger ont été incapables de le faire. L'Etat et la mairie de Paris n’ont pas pris toutes les mesures utiles pour éviter une telle catastrophe. Combien y avait-il par exemple de personnes affectées en permanence dans l’édifice à la surveillance incendie ? Dieu seul le sait…