Depuis 2006 et Les
yeux jaunes des crocodiles, Katherine Pancol a trouvé avec la famille
Cortès et son entourage un filon qui semble inépuisable. A ses yeux, du
moins : après une trilogie aux titres animaliers – La valse lente des tortues et Les
écureuils de Central Park sont tristes le lundi avaient suivi, en quatre ans
–, il y a eu, publiés en rafale, les trois tomes de Muchachas après lesquels on pouvait raisonnablement penser qu’elle
passerait à autre chose. Mais non : Troisbaisers, paru en 2017 et maintenant au format de poche, prolonge le plaisir. Ou l’ennui, c’est selon. Si
les débuts avaient quelque chose de sympathique, les prolongations durent
vraiment longtemps.
Comme dans les grandes tragédies shakespeariennes, il y a de
l’amour, de la haine, de l’ambition et des déceptions. Les mêmes ingrédients,
au fond, que dans les télénovelas latino-américaines.
On n’est pas forcé de ranger à l’un ou l’autre extrême toutes celles et tous
ceux qui utilisent de pareils produits de base dans leur recette. Il
n’empêche : Katherine Pancol penche davantage du côté du Brésil ou du
Mexique que de Stratford-upon-Avon.
Avouons-le : nous nous sommes un peu égaré dans les
premières centaines de pages. La faute, probablement à la non lecture des deux
derniers tomes de Muchachas. Où est
le fil ? Pas grave, se dit-on, puisqu’il reste quelques autres centaines
de pages pour le retrouver. Et puis, ce ne sont pas les fils élégants de la
haute couture d’Hortense Cortès qui prépare sa première collection – forcément
un immense succès. Ce sont plutôt les grosses ficelles que manipule, sans en
avoir les moyens, Adrian Kosulino, le compagnon de Stella Valenti – un nom de
famille qui devrait baptiser le lycée, puisque Ray Valenti, considéré comme son
père, fut un héros aux yeux de tous. Sauf des siens, qui savent quelle crapule
il était.
Tom, le fils d’Adrian et Stella, est amoureux de Dakota, qui a aussi
croisé le chemin de Ray Valenti. Tout cela s’emboîte si bien que les événements
en deviennent prévisibles. A la fin, les salauds sont morts, les gentils sont
heureux. Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?