Malgré le développement d'outils destinés à la simplifier, la gestion des notes de frais dans les entreprises reste une corvée pour leurs collaborateurs. Et même avec le déploiement de plus en plus fréquent de cartes « affaires » pour ceux qui engagent régulièrement des dépenses pour le compte de leur employeur, les exigences comptables entraînent des complications irritantes pour tout le monde, comme, par exemple, lorsqu'il faut détailler les coûts d'un achat comprenant des articles de natures différentes.
En raison de l'immense diversité de son catalogue, une plate-forme telle que celle d'Amazon est, de toute évidence, particulièrement concernée par ces difficultés. Aussi n'est-ce pas une surprise qu'elle se place en pointe pour essayer de rendre la vie plus facile à ses clients. Pour ce faire, elle transmet à Mastercard, pour chaque paiement effectué avec une carte éligible, la liste complète des items facturés (avec description, prix unitaire, quantité et taxes correspondantes) ainsi que les frais d'expédition.
Les informations collectées de la sorte sont alors directement intégrées dans les systèmes de gestion de dépenses des entreprises pour lesquels Mastercard propose une interface d'alimentation automatique ou, à défaut, dans le propre portail analytique « Smart Data » du réseau de paiement, enrichi pour l'occasion. Notons toutefois que, à ce stade, le service n'est disponible qu'en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, pour les clients de Bank of America, Barclays, Citi, J.P. Morgan, Lloyds, NatWest et RBS.
Il n'est pas un secret qu'Amazon, comme tous les mastodontes technologiques, collecte et exploite des masses de données, à une échelle industrielle, afin de démultiplier son efficacité commerciale et opérationnelle, y compris, d'ailleurs, dans le domaine des services financiers. Parfois, comme ici avec Mastercard, il lui faut également savoir ouvrir ce trésor à des partenaires externes, de manière à mieux séduire ses clients, et la satisfaction de ce besoin ne doit certainement pas générer d'états d'âme.
La question que nous pouvons maintenant nous poser est de savoir si Amazon serait disposé à adopter la même transparence vis-à-vis d'une demande équivalente sur les emplettes des particuliers. Il est en effet aisé d'imaginer que les éditeurs de solutions de suivi de budget, par exemple, serait très intéressés d'obtenir un accès à des informations plus précises sur les tickets de caisse de leurs utilisateurs. Et une première percée par un acteur aussi incontournable pourrait déclencher une généralisation salutaire…