Notre-Dame de Paris : risques, enseignements et espoir

Publié le 16 avril 2019 par H16

Il fallait au moins ça pour fermer – temporairement – le clapet du Président de la République ; devant s’exprimer lundi soir dans une énième adresse à la Nation inutile, il n’en aura pas eu l’occasion : Notre-Dame de Paris était en proie aux flammes au moment où il devait faire son allocution, dès lors remise à plus tard.

La flèche de Viollet-Le-Duc détruite, la toiture dévastée, le pire était à craindre pour le reste de l’édifice qui a subi l’outrage du feu alors qu’un chantier de réfection venait d’être lancé. L’émotion a été grande dans toute la capitale, en France et partout dans le monde alors que les images montraient la cathédrale enfumée dont la charpente s’écroulait inexorablement, mangée par l’incendie.

Au matin cependant, l’espoir était permis : le monument est resté globalement solide et reconstruire les parties détruites s’avère possible. Ce sera, évidemment, un travail d’ampleur qui nécessitera de gros moyens, financiers notamment.

Les cagnottes n’ont pas manqué de se multiplier, et Macron s’est bien évidemment immédiatement proposé pour lancer une souscription nationale, alors même que les dons de milliardaires arrivaient déjà : la famille Pinault entend investir 100 millions d’euros pour la reconstruction du monument, et la famille Arnault annonce quant à elle un don de 200 millions pour la même cause.

Au passage, ces dons (qu’on pourra faire directement à la Fondation du Patrimoine) et ces cagnottes donnent quelques importantes informations.

D’une part, cela montre que beaucoup de Français sont effectivement prêts à payer pour la restauration de ce chef-d’œuvre, sans qu’on les force. Compte-tenu du monument en question, on les comprend aisément et on se doit alors de poser la question : puisqu’il en est ainsi pour la plupart des monuments et lieux d’exceptions du pays, on ne peut que constater l’inanité du Ministère de la Culture et du Patrimoine, incapable avec son budget pourtant colossal de répondre à sa mission de base, à savoir conserver notre patrimoine intact. Manifestement, Français riches et moins riches s’en chargent mieux que ce ministère, plus apte à défigurer les grands monuments de leurs Plugs verts et autres Vagins de la Reine hideux qu’à prévenir ce genre d’incendies tragiques.

De façon diamétralement opposée, ces dons font ressortir aussi tout ce que la France compte de petits jaloux, de frustrés et autres aigris qui ont un mal viscéral à supporter la réussite et la richesse des autres : les dons des milliardaires permettent ainsi de s’exprimer à la pire lie communiste et envieuse que la France a trop généreusement nourrie, ceux dont la commissure des lèvres se charge de bile à l’idée qu’on se passera très bien d’eux et de leurs frustrations de jaloux maladifs pour relever l’édifice.

François Pinault annonce un don de 100 millions d'euros pour la reconstruction de #NotreDame, Bernard Arnault un don de 200 millions.

Les mecs viennent de lâcher 300M (!!) et vous trouvez encore le moyen de dire qu'ils sont égoïstes. Le peuple français est extraordinaire. pic.twitter.com/48yMCtVHrT

— Florent Derue (@florentderue) April 16, 2019

D’autre part, cela prouve amplement que pour les événements, les monuments et les réalisations exceptionnelles, on sait trouver des moyens financiers, a contrario des lubies et autres stupidités poussées par nos élus. Quelque part, ceci est plutôt rassurant sur le bon sens moyen des Français. Ça l’est nettement moins sur la lucidité de ces élus qui poussent, insistent et se battent pour avoir leur gare et leur TGV sans passagers, leurs transports en commun vides, leur autoroute sans automobilistes, leurs zones d’activités sans activité, etc…

Enfin, difficile de ne pas noter que 300 millions proviendront donc directement de capitalistes richissimes. Comme quoi, l’État ferait nettement mieux de les laisser tranquilles plutôt que « faire payer les riches » qui, finalement, savent bien où et quand mettre leur argent, y compris pour le « bien commun », et en tout cas nettement mieux que l’État qui, dans tout cela, a encore une fois démontré toute la nullité de sa gestion : des armées de fonctionnaires au Ministère et pas un pour aller pisser et éteindre les flammes, des années à repousser à plus tard les réparations nécessaires, les faire au dernier moment, et réussir le pari de provoquer le chaos total. Bref, c’est une illustration fidèle de ses capacités réelles de nuisance.

Les moyens financiers afflueront donc, et la cathédrale sera reconstruite. Comme d’autres cathédrales ont été détruites puis reconstruites, celle de Paris, chef-d’œuvre gothique et hautement symbolique pour tout le pays, sera reconstruite. Et s’il y a un risque, il n’est certainement pas dans les qualifications des ouvriers et artisans qui travailleront sur cet immense chantier. Soyez-en sûrs : non seulement, il y aura les compétences, mais il y aura aussi l’argent…

Non, le risque, il est dans le harponnage par la chienlit politique qui va tout faire pour tirer la couverture à elle.

Il faudra bien sûr passer le temps de l’émotion, il faudra que le train-train quotidien reprenne, mais c’est garanti : les sangsues de droite et de gauche vont vouloir se greffer à l’événement pour tenter d’en tirer une part d’exposition, de prestige, de lustre facile.

Et bien évidemment, il n’est pas à écarter que ces cancrelats interviennent pour avoir tel bricole d’un zartiste de leurs amis poussée dans le cadre de la réfection (« Regardez, ce teckel rose en polyuréthane de 2 mètres de haut rendra magnifiquement dans cette allée, c’est certain ! »), de la réouverture de l’édifice (« Et si c’était David Guetta qui faisait l’inauguration de la Nouvelle Cathédrale, hein, les amis ? ») ou de tel marché de réfection, forcément public, forcément attribué à l’une ou l’autre entreprise de BTP dont le patron est l’ami d’un maire, d’un député, d’un sénateur bien en cour…

Le risque, il est là, bien avant d’autres.

D’ailleurs, il n’est qu’à voir les petites vomissures des politiciens dans les prochains jours et celles qui s’accumulent à présent pour comprendre qu’on est déjà sur ce chemin.