Jusqu’ici, je ne connaissais pas encore Jayda G et, dès lors, je me retrouve très surpris à la découverte de son premier album. Erreur initiale de ma part, j’aurais juré qu’il s’agirait d’une musique r’n’b ou hip-hop, ou même soul. Mais la Canadienne, venue du cœur profond de la Colombie Britannique, c’est-à-dire très loin de la grande Vancouver, se rapproche plus de l’univers house de la lointaine mais universelle Chicago, avec des touches funk indéniables, ainsi que, parfois, des sonorités qui me rappellent un certain Moodyman qui aurait rencontré Nabihah Iqbal (« Missy knows what’s up », incluant un sample de la biologiste canadienne Misty MacDuffee parlant de la défense des baleines dans son pays).
Pour sûr, et je ne compte désormais plus le nombre d’artistes dont je vous dis l’exacte même chose, son emménagement en 2016 dans l’arty Berlin a dû accentuer son goût prononcé pour les sonorités dansantes particulièrement tendances dans les clubs de la capitale allemande – depuis longtemps l’un des plus grands foyers artistiques au monde, ce qui n’est pas près de changer.Ce qui est incroyable avec Significant Changes, c’est qu’en seulement neuf titres on finit par avoir l’impression de sortir d’un club après plusieurs heures assez folles au petit matin, avec une seule idée en tête : comment allons-nous pouvoir terminer la « soirée » tandis que la fatigue se disperse avec le jour qui pointe ?
Tour à tour, Jayda G passe d’un titre instrumental à un autre chanté, et l’effet est identique : on est perdu entre une impression de déjà-entendu et cette sensation de découvrir quelque chose de nouveau. Paradoxal, non ?« Unifying the center » ouvre en douceur Significant Changes, puis « Renewal » donne l’impression de sortir du bout de la nuit, comme emplie d’une léthargie bienveillante. « Stanley’s get down (No parking on the DF) » et « Leave room 2 dance » sont progressivement de plus en plus dansants, ce dernier avec la voix grandiose d’Alexa Dash que l’on retrouve plus loin sur « Sunshine in the valley » pour un nouveau moment très enivré.
Telle une pause sortie de nulle part mais tellement bien imposée, et produite par son ami DJ Fett Burger, « Orca’s reprise » nous rapproche de l’autre côté du Pacifique, avec des teintes japonisantes très chaleureuses. Après « Move to the front », le morceau de fin « Conclusion » nous ramène dans une torpeur pleine de joie et de lumière et, tout à fait logiquement, on ne peut se satisfaire de ce que l’on vient de vivre.
Heureusement, nous pouvons appuyer sur play une seconde fois. Puis une troisième… Oui, Significant Changes est comme cet(te) ami(e) avec qui l’on passe tellement de temps, qu’on ne compte plus, mais qui à chaque fois est comme le meilleur moment que l’on puisse passer. J’ai désormais une nouvelle amie, et elle s’appelle Jayda G.
(in heepro.wordpress.com, le 16/04/2019)
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