Bertrand Schmid prévient le lecteur: il n'est pas poète, il n'est pas physicien, il n'est pas astronome, il n'est pas espagnol. Alors, qui est-il? Un prosateur qui s'efforce de chanter...
Et dont les proses sont traduites en espagnol par Martin Schifino. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas un francophone qui restreint les lettres à son unique idiome.
Il intitule ses proses chantantes, Sonnet/Soneto, parce qu'elles évoquent l'étymologie de cette forme codifiée de poème, sonnet signifiant en effet, tout simplement, petite chanson.
La forme que prennent ses proses est celle d'un sonnet géant. Qui comprend, comme de bien entendu, deux quatrains, deux tercets, comme dans tout sonnet classique.
Seulement les pieds de ce méga-sonnet sont des paragraphes et les vers de petits chapitres: les quatrains prennent la forme singulière ABAB et ABBA, et les deux tercets ABC.
Autant dire que ce méga-sonnet n'est décidément pas traditionnel. Car il ne s'agit pas ici d'homophonies mais de sens. A est féminin, B masculin, et C finalement la fusion des deux...
Les prémices de cette fusion se trouvent dès le premier quatrain qui initie au fond la métaphore astrale qui sous-tend l'ensemble de ces proses poétiques et leur donne une teneur intemporelle:
Rouge.
Le cygne. Bêta. Deux joyaux grecs, deux amants. Deux astres. Deux fulgurances. A l'oeil nu, on les eût dits uniques, mais la lentille les distinguait. On parlait de rotation, il préférait un menuet, avec ses mesures, ses silences, ses révérences.
Bleu.
Quoi de plus semblable en effet à l'amour et à l'union de deux êtres que Albireo, cette étoile double du ciel, dont le résultat ultime est ce que l'auteur appelle La floraison que porte l'oiseau?
Francis Richard
Sonnet/Soneto, Bertrand Schmid, 104 pages, L'Âge d'Homme
Livres précédents:
Ailleurs, Editions d'Autre Part (2011)
La Batrachomyomachie, traduction du grec ancien, Hélice Hélas (2016)
Saison des ruines, L'Âge d'Homme (2016)
Autres ailleurs, L'Âge d'Homme (2017)