Si je vous dis : cessez d'adorer les prunes, vous en aurez plus qu'assez si vous adorez le prunier.
Si je vous dis : cessez d'adorer le prunier, vous en aurez plus qu'assez, si vous adorez la graine qui l'a engendré.
Si je vous dis : cessez d'adorer la graine qui l'a engendré, vous en aurez plus qu'assez si vous adorez les autres graines que vous avez dans votre grenier.
Si je vous dis : cessez d'adorez toutes les graines de votre grenier, vous en aurez plus qu'assez si vous adorez seulement ce que vous avez dans votre panier.
Vous me direz : qu'est-ce qu'elle a celle-là, elle est folle à lier : je suis un gilet jaune, je n'ai rien dans mon panier... rien à adorer, que le vide à déplorer, que deux yeux pour pleurer...
Parce que vous êtes persuadé que rien n'est adorable quand la vie est si peu vivable... qu'il vous faut votre pouvoir d'achat avant de songer à votre pouvoir de rachat... à votre salut.
Faut-il que ce soit de l'or ou doré, pour adorer... ?
Et moi je vous dis, gilets jaunes, méfiez-vous des veaux d'or... laissez tomber vos torts et vos remords et dîtes : "J'adore tout ce qui me vaut le plaisir de dire encore et encore..."
Et qu'est-ce qui vaut le plaisir de dire encore et encore, sinon votre désir d'un amour infini qui sourit à la vie et rit de la mort.
Vous croyez être mal embarqué mais vous avez tort parce que dans votre barque toute déglinguée : il y a Allah à bord. Il vous suffit de le nommer pour ne pas craquer et pour accomplir joyeusement votre traversée du désir.
Car c'est au crépuscule, que l'on peut percevoir l'aurore.
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