Titre : Le retour à la terre, T6 : Les métamorphoses
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2019
Après l’annonce de retour de la série « Donjon », les nostalgiques de l’époque de Poisson Pilote ont pu apprendre que « Le retour à la terre » revenait pour un sixième tome 11 ans après le précédent ! Cette série, c’est une madeleine de Proust pour moi : ma découverte de cette collection mythique et de ses auteurs emblématiques. Mais après tant d’années, maintenant que Larcenet a marqué la BD de son empreinte avec « Blast » et que Ferri est devenu scénariste de « Astérix », que nous réserve ce retour aux sources ? Personne n’attendait vraiment cette suite.
Un retour aux canons de la série
Jean-Yves Ferri prend ce nouveau tome comme il l’avait toujours fait : c’est la vie de Manu Larcenet, vue par Ferri et dessiné par Manu. Ainsi, si onze années ont passé dans la « vraie » vie, le temps s’est à peine écoulé aux Ravenelles. Ferri est sur « Astérix », Larssinet écrit « Plast » et Mariette attend son deuxième enfant…
La première lecture m’a laissé un peu dubitatif. Mais en relisant ce livre, on retrouve les ingrédients de la série : un peu de poésie, quelques délires lorsque Manu rêve et les caractéristiques de la campagne. Plus de dix ans après, on retrouve ainsi le même plaisir de lecture. C’est frais et léger et le sourire n’est jamais loin. Ces années ne créeront pas un renouvellement incroyable à la série, mais elle n’a pas perdu en qualité. C’est déjà pas mal !
Au départ, j’ai trouvé les thèmes intégrés (l’éditeur perdu à la campagne, la recherche du père…) peu développés. Mais en relisant les anciens tomes, c’était déjà le cas. Ainsi, ce père guérillero semble une piste abandonnée plus qu’autre chose. Et on regrette presque que Mortemort en marraine de Pupuce ne soit pas plus exploitée. Mais en seconde lecture, cette impression est moins forte. Peut-être qu’à la découverte des strips, on est trop exigeant, surestimant ce qu’était la série au départ.
C’est surtout graphiquement que le changement est le plus manifeste. Fort de ses expériences graphiques, Manu Larcenet développe un trait plus riche et plus chargé que sur le reste de la série. Une fois ce dessin digéré, on l’oublie finalement assez vite. On aurait pu craindre une surenchère mais le dessin reste avant tout au service du scénario.
Ce « Retour à la terre » est plutôt une réussite. Reprendre une série dix ans plus tard et parvenir à en garder l’esprit n’était pas si évident sur le papier. Ferri parvient à garder la continuité, c’est assez fort. Bref, si vous aimiez la série, n’hésitez pas à vous jeter sur ce nouveau tome, il est parfaitement dans les canons développés 17 ans auparavant.