David Leonhardt, journaliste au New York Times, publie dans un article intitulé "Unemployed, and Skewing the Picture" un graphique très intéressant sur l'évolution parallèle du taux de chomage vs le taux de non emploi des hommes de 25 a 54 ans aux USA :
Son commentaire :
Consider this: the average unemployment rate in this decade, just above 5 percent, has been lower than in any decade since the 1960s. Yet the percentage of prime-age men (those 25 to 54 years old) who are not working has been higher than in any decade since World War II. In January, almost 13 percent of prime-age men did not hold a job, up from 11 percent in 1998, 11 percent in 1988, 9 percent in 1978 and just 6 percent in 1968.
On voit très bien sur le graphique qu'a taux de chomage égal à 4% en 2008 il ya 12% de personnes qui ne travaillent pas vs 9% en 1980, une différence d'un tiers et presque équivalente à la population considérée comme chomeuse ! Toute étude historique basée sur le taux de chomage pour évoluer une politique donnée va donc être complètement faussée.
Après Dean Baker, Raymond Torres et Paul Krugman qui sera le suivant a briser l'orthodoxie sur l'omnipotent "chômage" ?
Via The Misleading Jobless Rate chez Big Picture. A noter aussi un autre billet de Paul Krugman sur le sujet.
Historique des billets de ce blog sur ce sujet :
Résumé des arguments :
- Le chomage est une mesure psychologique car il exclut de la population considérée ceux qui ne cherchent pas un emploi "suffisament". Si on mettait bout a bout les définitions utilisées par les différents organismes on aurait probablement une trentaine de graduations entre "travaille" et "ne travaille pas mais n'est pas chomeur" ce qui est révélateur du ridicule de la mesure.
- Une bien meilleure mesure de l'état général du marché du travail (s'il ne faut retenir qu'un chiffre) est le taux d'emploi des hommes de 25 a 54 ans, ce qui est une mesure objective, non falsifiable, et qui va être comparable dans le temps et entre les pays.
- Cela exclut les femmes, mais en historique et entre les pays leur ryhtme d'entrée sur le marché du travail est différent donc c'est difficile a corriger objectivement. Sur les dernières années dans les pays riche la situation des femmes tends à se normaliser.
- Cela exclut les (pré)retraités mais l'age du départ est un choix social plus que purement lié au marché du travail, la encore difficle a corriger objectivement.
- Cela exclut les jeunes, mais pour le 15-24 ans un taux d'emploi de 100% n'est pas souhaitable car personne ne ferait des études et la aussi trouver un taux optimal objectif est difficile : le choix social va dominer la situation du marché du travail.
- Enfin il reste la problématique du temps partiel subi ou non et des heures travaillées et leur rémunération effedtive dans le taux d'emploi, par exemple au UK le temps partiel est plus étendu et plus faible en heure qu'en France (plutot 15h que 25h) mais c'est difficile d'intégrer cela dans un seul chiffre, à réserver pour une analyse plus poussée.
Bref, l'utilisation du taux de chômage pour dire "regarder ailleurs il est plus bas donc il faut changer" est simplement du déclinisme idéologique. Ce qui est sclérosé n'est pas le marché du travail français mais simplement la communauté des économistes qui l'analyse.
Petit jeu concours : combien de décennies avant que ces points rentrent dans le débat du gratin de l'économie gauloise ?
Ajout 20080316 0957 : Lies, damned lies, and statistics chez com-vat, je cite :
[...] notre taux de chômage passe enfin sous la barre des 8% quand la norme occidentale est plutôt à 5%. [...]
La propagande est efficace ... Ma réponse :
La norme occidentale est juste une mesure de l'avancement de l'appareil statistique a transformer des chomeurs en inactifs, pas quelque chose qui permets de comparer objectivement l'état du marché du travail dans le temps ou entre les pays.
Quelques chiffres :
Au quatrième trimestre 2004 selon l'OCDE le taux de chômage normalisé pour les hommes de 25 a 54 ans était de 4.6% aux USA et de 7.4% en France. À la même période et pour le même groupe, le taux d'emploi était de 86.3% aux USA et de 86.7% en France.
On constate donc sur ce groupe un taux de chômage 60% plus élevé en France qu'aux USA alors que plus de personnes travaillent dans le groupe choisi, ce qui est contre-intuitif si on s'attends à ce que le niveau de chômage reflète la situation du marché du travail.
Il faut donc bien se garder d'interpréter sans précaution les chiffres du chômage. En effet la définition du chômage repose sur la distinction fragile entre non-emploi d'un actif potentiel et l'inactivité, malgré les effort de définition et de normalisation cette mesure reste extrêmement subjective et donc influençable facilement par différentes politiques n'améliorant sans-doute pas véritablement la situation du marché du travail.
Ajout 20080416 : Toujours sur le même sujet
Un autre graphe du New York Times :