" and you run and you run with the catch up with the sun, but it's sinking"
-D.G./N.M./R.W./R.W.
J'ai passé la semaine à repousser ce que je vous écrirai. Je voulais mûrir tout ça. Je voulais laisser la météo intérieure pouvoir tempérer. J'ai beaucoup pleuré sans larmes. De l'intérieur. Lundi surtout. I was in a very dark place, disent les chinois.
Et il a plus. Et il a neigé. Il a fait tous les temps au point de perdre l'électricité pendant plus de 24 heures.
Je vis mon futur déménagement en pure métaphores. Il a fait tempête, dehors et en moi, et la maison actuelle, la nôtre, s'est révoltée une dernière fois et a coupé toute électricité lundi jusqu'à très tard dans la nuit de mardi à mercredi.
Dimanche dernier, un couple de jeunes parents, qui avaient déjà visité notre maison dans le but de peut-être l'acheter, nous imposait la présence de leur courtier.
Avec une certaine mauvaise foi, je n'en voyait aucunement l'utilité. Nous vendons directement Du Proprio. On ne fait justement pas affaire aux agents. Ils avaient vu la maison déjà, sans lui, sans son aide, puisqu'ils s'étaient improvisés en passant près de chez nous et voyant la pancarte, et s'étaient réinvités sans s'annoncer le lendemain, toujours sans l'agent, tellement ils étaient excités de notre maison. Que pouvait amener de plus cet agent? De mon point de vue, c'était le serpent voulant investir la pomme. Il ne pouvait que vouloir venir négocier. Ce que je suis plus que souvent très peu enclin à faire.
C'est aussi exactement ce qu'il est venu faire dimanche soir. En plus de visiter la maison pour la première fois, atterrissant de la planète crosse. Je l'ai tout de suite haï. Avec son ton de charmeur de serpent. Il me mettait tant dans tous mes états que je l'ai appelé tout le reste de la semaine "le serpent".
Je me trompais, c'était en fait le diable.
J'ai freiné un rire quand il ouvert une armoire au dessus du frigo, la seule qu'il a ouverte, et qu'un sac de chips entamé lui est tombé sur la tête. "En effet, pas d'espace ici, chaque porte nous fait tomber quelque chose sur la tête" aurais-je pu avoir dit si j'avais voulu saboter son intérêt, mais je n'aurais aussi dit que la stricte vérité. Et la stricte vérité aussi étais que je me calissais pas mal de sa présence. Il venait nous demander de baisser notre prix. Get out!
Mais l'amoureuse est planificatrice financière. Elle négocie toute la journée au travail. Connais cette race que j'honnis. Elle tempèrait les choses. Et il a vite vu que ses arguments de touchait aucune cible puisque nous connaissions follement nos dossiers, que notre maison est clé en main et on le sait, que nous connaissions toutes les avenues de ses ruses, et qu'il avait beau tenter quelques arguments, nous avions fait nos devoirs et bien vite, nous n'étions pas le vendeur ordinaire sans expériences. (ce que nous étions aussi en quelque sorte vendant pour la première fois).
Il n'a pas pu descendre comme il le souhaitait, mais le même soir, il voulait, avec le couple maintenant, que l'on signe une promesse d'achats et qu'on s'entende sur des inclusions et des exclusions et christ calme toi le crayon, démon! On lui a exigé deux jours de réflexion. Qu'on lui a annoncé après qu'il eût tout rempli dans ses papiers. Ce qui l'a anéanti. Tout ce travail pour peut-être se faire dire non dans deux trop longs jours?
Ton travail, on s'en christ. L'agent, on en voulait pas. C'est un parasite dans notre vente. On a baissé un peu notre prix, pour TA commission. Donc on ne devrait en rien se soucier. On a fait sentir aux potentiels futurs acheteurs que celui qui allait leur soutirer près de 12 000$ n'était pas 100% nécessaire.
Mais bon, lundi, au travail, j'étais sur la route, dans la pluie, et j'avais le cafard. On vendait peut-être MA maison. Le diable avait été dans la cabane. Le cochon dans mon salon. Je ressassais du noir. Je pleurais par en dedans. Cette idée d'un film prochain dans lequel je ne veux pas jouer. L'idée de leur larguer notre maison. MA maison. Que je commençais tout juste à aimer un peu...après presque 17 ans...
Dont j'aime le repaire qu'est devenu le sous-sol. Mon poste de travail, mes bibliothèques, mes musiques, mes films, ma vie.
Je perds tout ça dans notre future maison où mon fils investira le sous-sol.
Je dois absolument faire la paix avec tout ça. Je n'y suis pas complètement encore.
Mardi soir, en pleine panne d'électricité depuis lundi 17h00 et suite à une autre journée crevante sur la route dans la neige et les conditions impossibles, j'arrivais la langue au sol à la maison juste à temps, à 19h, (levé à 5h30 du matin) pour signer la promesse d'achat.
Dans le noir. Comme si la maison offrait une dernière résistance elle aussi. Faisait froid. Même si le diable était dans la maison.
Mais on aurait dit que j'étais soudainement plus zen par rapport à tout ça.
Même si le facteur stress ne fera que s'accélérer.
Je n'arrive tout de même pas à penser avec positivisme à la future maison.
Je n'y suis pas encore.
Mais pour vendre celle qu'on a, j'ai déjà fait un bon pas.