Au prorata de la population en activité, rappelons néanmoins que les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture présentent le plus fort taux d’accidents mortels. L’enjeu (humain, faut-il le rappeler?) est de taille. Bien que des progrès énormes aient été observés en la matière, comparés au mitan du siècle dernier où les travailleurs tombaient comme des mouches, la protection de la santé au travail en France ressemble à une raquette à trous. Car il y a les morts d’un côté… et de l’autre, toujours ces maudites statistiques, froides et sans paroles, qui témoignent imparfaitement du «vécu» de la souffrance au travail: le pays enregistre toujours, selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance-maladie, 600 accidents du travail et maladies par heure travaillée. Vous rendez-vous compte? Sans parler des «atteintes physiques» liées directement aux conditions de travail, ces fameuses «maladies professionnelles», évaluées à plus de mille cas par an. Pas moins de 58 millions de journées travaillées en raison d’arrêts de cette nature, alors que – contrairement à ce que les libéraux clament – les citoyens français comptent parmi les salariés les plus «productifs» du monde! Sans parler des cancers liés à des expositions sur le lieu de travail, hors amiante, en augmentation délirante. Ne prenons que l’exemple des troubles musculo-squelettiques, qui n’en finissent pas de handicaper durablement les salariés. Auxquels il convient d’ajouter le «coût» du stress au travail, estimé entre 1,9 et 3 milliards d’euros, incluant soins de santé, absentéisme, pertes d’activité et de productivité… une hécatombe. Le bloc-noteur, vous vous en doutez, n’oubliera pas les suicides au travail, oui, le suicide, qui, comme l’écrivait Victor Hugo, est une «mystérieuse voie de fait sur l’inconnu». Qu’on puisse se donner la mort comme acte ultime de renoncement face à la détresse extrême d’une posture de salariat, voilà une idée insupportable. Travailler, pour qui, pour quoi? Est-ce seulement produire de la richesse pour des actionnaires invisibles, sans horizon d’épanouissement ni possibilité de se transformer soi-même, au service des autres?[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 12 avril 2019.]
Au prorata de la population en activité, rappelons néanmoins que les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture présentent le plus fort taux d’accidents mortels. L’enjeu (humain, faut-il le rappeler?) est de taille. Bien que des progrès énormes aient été observés en la matière, comparés au mitan du siècle dernier où les travailleurs tombaient comme des mouches, la protection de la santé au travail en France ressemble à une raquette à trous. Car il y a les morts d’un côté… et de l’autre, toujours ces maudites statistiques, froides et sans paroles, qui témoignent imparfaitement du «vécu» de la souffrance au travail: le pays enregistre toujours, selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance-maladie, 600 accidents du travail et maladies par heure travaillée. Vous rendez-vous compte? Sans parler des «atteintes physiques» liées directement aux conditions de travail, ces fameuses «maladies professionnelles», évaluées à plus de mille cas par an. Pas moins de 58 millions de journées travaillées en raison d’arrêts de cette nature, alors que – contrairement à ce que les libéraux clament – les citoyens français comptent parmi les salariés les plus «productifs» du monde! Sans parler des cancers liés à des expositions sur le lieu de travail, hors amiante, en augmentation délirante. Ne prenons que l’exemple des troubles musculo-squelettiques, qui n’en finissent pas de handicaper durablement les salariés. Auxquels il convient d’ajouter le «coût» du stress au travail, estimé entre 1,9 et 3 milliards d’euros, incluant soins de santé, absentéisme, pertes d’activité et de productivité… une hécatombe. Le bloc-noteur, vous vous en doutez, n’oubliera pas les suicides au travail, oui, le suicide, qui, comme l’écrivait Victor Hugo, est une «mystérieuse voie de fait sur l’inconnu». Qu’on puisse se donner la mort comme acte ultime de renoncement face à la détresse extrême d’une posture de salariat, voilà une idée insupportable. Travailler, pour qui, pour quoi? Est-ce seulement produire de la richesse pour des actionnaires invisibles, sans horizon d’épanouissement ni possibilité de se transformer soi-même, au service des autres?[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 12 avril 2019.]