Et l’homme, le voici qui parcourt en titubant
Les rares espaces vides qui subsistent entre les maisons,
Le manteau de son corps mal ajusté sur ses épaules
Il n’est sûr que de sa tristesse
Et se frotte les yeux d’une main molle
Parce qu’il faut bien faire un geste pour ne pas mourir
Et se demande à chaque instant
S’il ne s’est pas trompé d’existence,
Mais le bourdonnement du sang dans sa gorge
L’engourdit comme le chant d’un moteur
Et il s’enfonce en sifflotant dans le brouillard
Que l’on a mis à sécher sur les clôtures.
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Jean Rousselot (1913-2004) – Jean Rousselot, le poète qui n’a pas oublié d’être