Illa J + Afrodite • La Citrouille, Saint-Brieuc, le 8 avril 2019

Publié le 10 avril 2019 par Concerts-Review

Une soirée rap, hip hop, soul, r'n'b, afro house àLa Citrouille, en ce début de congé pascal.

Au club, les concerts débutent à 20h, c'est dans ces eaux que deux jolies nanas font leur entrée en piste: Afrodite.

T'as noté le f, c'est bien Afro, et pas le ph grec, donc pour la déesse de l'amour, tu oublies, même si Audrey Lopes et Maclarnaque y font allusion.

Audrey ( Nantes) et Mary Mac (Rennes) ont donné leur premier concert sous l'identité Afrodite en 2017 et ont, depuis, enregistré un EP- 4 titres ( Kalypso) mais peuvent surtout se targuer d'avoir foulé de belles scènes ( dont Bourges ou l'avant-programme de Lee Fields et de Hollie Cook).

Toutes deux ont d'autres projets, Miss Maclarnaque ( dreadlocks et bonnet rasta) est adepte du deejaying, Audrey Lopes ( coiffure afro) se produit solo ( un EP 'Evolution', sorti en 2014).

Sur scène elles ont chacune leur laptop, elles tambourinent à tour de rôle un conga, la beatmaker manie des capteurs sonores et tapote des pads, sa copine assure les lead vocals, utilise un Alesis keyboard et danse.

Le duo entame le set par des bruitages exotiques, déjà quelques admirateurs battent des mains, après cette intro caribéenne, la plage vire nu-soul et privilégie le thème de l'amour.

La souriante Audrey présente le groupe, Mary entame un second morceau sensuel et groovy évoquant Erykah Badu ou Solange.

'Mister B' se montre plus saccadé et se rapproche de l'univers de Prince ou de Sheila E, la plaisante chorégraphie, étudiée, a ravi les amateurs, pourtant le public se montre timide.

On peut danser, propose la chanteuse avant d'entamer un nouveau titre sautillant et frais aux relents disco/house non déguisés.

Elles enchaînent sur 'Call me back' démarrant en midtempo avant une montée en puissance nette.

Quelques artistes, surtout féminines, nous ont inspirées... le duo reprend 'Right here' de SWV avant de poursuivre en mode raggamuffin turbulent.

' Close to me' existe en video clip, il n' a aucun rapport avec le tube de The Cure.

Une mise en scène précède un joli ballet décorant ce morceau hyper dansant auquel succède un titre addictif et rythmé.

La ballade 'It's no go' traite d'un amour impossible mais la vie continue, alors il faut qu'on 'Bouge', en français dans le texte.

La Citrouille aux fingersnaps pour un disco bondissant truffé de lyrics Magic System...magic in the air.../ Bebe Rexha ...love in the atmosphere... et enfin c'est avec 'Justice' que s'achève un set de 55' tonique et vivifiant.

Le 17 avril au Stereolux ( Nantes) au même programme que Sarah McCoy.

Préparatifs minutieux et prolongés pour la mise en place du matos d' Illa J.

Deux planches, déposées sur trépieds, sont pourvues de laptops, platines, consoles de mixage numériques, samplers, pads, tablettes tactiles, faders et autres gadgets permettant aux deejays d'exercer leur besogne.

La carte d'identité de Illa J indique John Derek Yancey from Detroit, jeune frère de J Dilla, rapper and producer, décédé en 2006.

Maman était chanteuse lyrique et papa travaillait pour la Motown, normal que les fistons se lancent dans la musique.

Illa J.fait d'abord partie de Slum Village avant de démarrer une carrière solo.

Sa disco comptabilise quatre albums, des EP's, mixtapes et pas mal de collaborations, depuis début avril, le rapper sillonne les petites scènes du vieux continent, avec notamment un passage au Kavka à Anvers, ce soir il fait escale à Saint-Brieuc.

Pour l'accompagner il a fait appel au magicien des turntables Badie Sahmim, également manager/booker chez Overstand.

C'est Badie, nice sweat shirt Zoo York 93, je veux le même, pas en rose s v p, qui lance la machine par ses scratchs habiles et sulfureux habillant ' 1,2,3 fuck the police' de J Dilla.

Le bricoleur invite la salle à faire du bruit, après 5 minutes de jongleries, Illa J rapplique.

Mélodies rappées et chant alternent, saupoudrés de trouvailles créatives imaginées par le DJ.

Pas de setlist, évidemment, mais des extraits de 'Home' ou ' John Yancey' ses derniers efforts discographiques.

'All I need' et ses soothing vocals évoque le hip hop soyeux de Guru's Jazzmatazz, son flow, presque nonchalant, est limpide et précis et accroche d'emblée l'auditeur, même si celui-ci est non-anglophone.

'Sam Cook' est aussi velouté que les meilleurs Marvin Gaye et d'ailleurs le natif de Detroit nous confie, soul music is the music I love to listen to, en dehors de Sam Cooke, il mentionne Al Green, à juste titre, son timbre est aussi soyeux que celui du révérend.

On te suit Illa, ok, ' Enjoy the ride'.

Pas de problèmes, tu roules relax, le paysage est pas mal et la radio diffuse un truc bien cool.

Turn the beat up, just pop with it... psalmodie le jeune trentenaire avant de proposer 'Sounds like love', un extrait de son premier album, pas de bol Debi Nova n'était pas du voyage, mais l'esprit soyeux y était.

Dédié à sa mère, 'Maureen' fond comme un caramel sur la langue, il fait suivre l'hommage par un extrait de ' John Yancey', son dernier né, ' Weather report' is a song about communication.

Les titres défilent, ' Swagger', 'Photosynthesis', 'Universe', 'DFTF' ... une fille gracile, ballerine gracieuse, dodeline en mesure, d'autres se contentent d'un mouvement de tête suivant le flow.

Tout baigne!

Le terminus est proche on le sent, une certaine lassitude nous gagne, malgré tout leur talent, le côté uniforme finit par anesthésier, il se confie: jamais je n'avais pensé à me produire solo, you know I'm an introvert, comme ton chat...

Son copain lâche un fond Broadway, elle est pour les ladies, celle-ci, puis ce sont des beats énormes qui annoncent un interlude musical, le show devient plus décousu, vire laboratoire hip hop, avant le retour à la normale et une dernière salve soul baptisée ' Home' .

Un petit salut, direction les loges.

Badie Sahmim termine le trip en balançant la romance de Lou Rawls ' You'll never find another love like mine' pour se quitter en douceur.