[Mdu Randuk] Après ses recueils de poésie "temps nu lazuli", "Cristaux de foudre", "Quelle heure est-il dans le grimoire du temps", "Pas la peine de faire semblant d'y croire, le futur a fait le mur" et "Vers, murmures écrits", Jean-Marc Buttin nous revient avec un nouvel ouvrage, Éventaire bleu d'écaille, toujours aux Éditions Dédicaces.
Au fil de ces pages, le lecteur se laissera glisser au gré des mots et des rythmes chers à l'auteur et virevoltera, tel un lépidoptère, de chrysanthèmes en narcisses. Que ce soit en hexasyllabes ou en heptasyllabes le plus souvent, le poète nous transporte dans un rêve onirique teinté d'une palette de bleus, couleur que l'on retrouve tel un fil conducteur de son œuvre, comme dans son cycle lazuli, paru entre 2009 et 2011. Des bleus froids comme l'hiver dans un Flocon brûlant, aqueux comme l'onde dans le Sel de mer ou la Prémonition bleue de feu, voire l'ondée, En attendant la pluie, tendres comme l'amour que l'on dégustera tel un Mille-feuilles bleu des amours, ou bien même chaleureux dans une nuit estivale Comme un quatorze juillet.
L'éventaire s'apprécie comme un ouvrage qui se feuillette, laissant une bise tourner pour vous les pages et s'arrêter où bon lui semble et vous savourerez alors chacun de ses poèmes qui vous emportera vers un onirique lointain, si vous vous arrêtez sur les Lunes de Saturne, à l' Aube ou encore dans les Cascades ; ou bien vous ramènera à une réalité parfois actuelle, voire cruelle avec Corbeaux et Vautours ou Énarques au turbin. Ces coups de griffes écaillées entaillent simplement le voile de cet onirisme nimbé, derrière lequel se cache parfois un hymne à l'Amour, qu'il soit tendre et chaste comme un Souhait de Saint-Valentin ou de Prochains Câlins ou alors qu'il se fasse violent et putassier tel un Espoir animal sur canapé mou ou Ces mets d'amour.
Jean-Marc Buttin demeure un témoin privilégié de son époque et ne manque de nous le rappeler dans certains de ses poèmes lorsque, par exemple, il décrit un Printemps en morne Macronie ou qu'il prend le Métro. Mais ces quelques rappels au présent ne peuvent masquer l'adoration qu'il éprouve pour le corps de la Femme qu'il encense à maintes reprises, que ce soit sous la forme d'une ode à la Courbe des lettres ou bien plus prosaïquement avec un Lapin, lapin, tu es coquin !. On pourrait même parfois y déceler une pointe de timidité, tel un jeune adolescent la première fois face à l' Objet de son désir. Ou bien, au contraire, le regard désabusé d'un homme dans la force de l'âge qui constate la volatilité des sentiments dans les relations amoureuses, avec son Cœur sec ou Secret.
Au final, ce que l'on peut retenir à la lecture d'un " Éventaire bleu d'écaille " de Jean-Marc Buttin, son sixième recueil de poèmes paru aux Éditions Dédicaces, c'est la promesse d'une évasion onirique et amoureuse. Son style, à la musicalité contemporaine, nous dévoile un peu plus encore le caractère de son auteur, l'homme avec toutes ses complexités et ses complexes, mais un homme avec tout ce qu'il a d'humain et de tendre.