Titre : Ekhö, monde miroir, T8 : La sirène de Manhattan
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Septembre 2108
Ekhö monde miroir est une série dont j’avais accueilli la création avec un espoir : me réconcilier avec Christophe Arleston. En effet, ce scénariste a bercé mon adolescence avec Lanfeust de Troy. Je me suis passionné pour cette aventure passionnante dont je guettai la parution de chaque nouvel épisode. Il en a découlé un réflexion bédéphile chez moi : m’offrir toute nouvelle série signée par Arleston. Le chant d’Excalibur, Les maîtres cartographes, Les forêts d’Opale… Le ton léger, l’humour et la magie de la fantasy étaient des ingrédients qui n’avaient aucun mal à conquérir mon cœur de lecteur. Hélas, avec le temps, j’ai ressenti une lassitude dû à une baisse, à mes yeux, de la qualité des productions de l’auteur. Quand le premier tome de Ekhö est sorti accompagné de critiques plutôt élogieuses, j’ai décidé de me laisser tenter. Arleston avait-il retrouvé la flamme ?
Une trame sans grand intérêt
Le principe de la série est à la fois simple et intrigant. Ekhö est un monde miroir de la Terre. Il faut imaginer notre monde repeint avec un style « fantasy ». Les avions sont remplacés par des dragons, Central Park est une forêt abritant des bêtes dangereuses et mystérieuses… Granule et Yuri se retrouvent projetés dans cet univers dans laquelle ils doivent trouver leur repère et mener leur nouvelle vie. Chaque album nous fait voyager dans une nouvelle ville vivre une nouvelle aventure à leurs côtés…
Le dernier opus en date s’intitule La sirène de Manhattan. Comme le titre l’indique, l’histoire ne nous fait pas quitter New-York cette fois-ci. Nos deux héros s’apprêtent à aller diner dans un restaurant les plus prestigieux de la ville. Tout semble bien passer jusqu’à ce que le corps de Granule soit envahi par l’esprit du sommelier local. Ce n’est pas la première fois que la jeune fille succombe à cette originale curiosité. Mais sa « possession » n’a qu’une signification : le sommelier est mort dans des conditions inexpliquées et seule une résolution de ce mystère permettra à l’héroïne de voir son esprit « libéré » …
Les derniers tomes de la série étaient un petit peu décevants. Je trouvais que la magie et l’originalité des premiers épisodes avaient peu à peu disparu au profit d’une routine moins captivante. Néanmoins, étant un lecteur très fidèle, j’espère toujours que cette série trouve un second souffle. Je crains que ce huitième opus ne soit pas le point de départ de ce nouveau départ. La trame est sans grand intérêt. Les rebondissements sont rares et la curiosité éveillée quant à son dénouement est quasiment nulle. Je trouve que les auteurs font le choix d’une surenchère de spectacle au détriment de l’attrait simple et efficace d’une intrigue dense et habilement construite. C’est dommage.
Néanmoins, le mystère qui accompagne l’enquête menée par nos héros n’est pas le seul pilier narratif sur lequel se construit l’histoire. La lecture s’appuie également fortement sur la personnalité du duo haut en couleur formé par Granule et Yuri. Leurs deux caractères forts font des étincelles dans leur relation amour – haine qui sert de fil conducteur à la série. Là encore l’intensité des premières aventures s’est atténuée. Les deux personnages ont appris à se connaître et à s’apprécier. Les disputes sont donc plus rares et moins excessives. Cet aspect a tendance à devenir un ingrédient secondaire dans la recette humoristique de l’ensemble. Néanmoins le « couple » fonctionne encore bien et n’a aucun mal à nous faire sourire par leurs remarques ou leurs réactions quand tout déraille…
Côté dessin, le trait de Barbucci colle toujours aussi bien à l’atmosphère décalée, fantaisistes et excentriques de l’univers d’Ekhö. Son style s’inscrit dans la lignée de bon nombre de séries scénarisées par Arleston. L’illustrateur maîtrise avec talent les grandes scènes d’action, les expressions corporelles et faciales parfois « cartoon » des personnages. Les planches colorées et pleines de rythmes raviront sans aucun mal les adeptes du genre.
Au final, La sirène de Manhattan s’inscrit dans la lignée des dernières parutions de la série. L’album se lit aisément, fait sourire sans difficulté mais s’oublie rapidement à cause d’une intensité narrative et humoristique un petit peu faiblarde… C’est dommage car les ingrédients de base de cette saga ont la qualité nécessaire pour offrir une lecture plus prenante et rythmée. Ce sera peut-être pour le prochain épisode ?