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La forte demande des consommateurs de fraises et tomates en hiver pousse les agriculteurs conventionnels à investir dans ce créneau. Et ils sont de plus en plus nombreux à vouloir se convertir au bio pour la culture de ces deux produits, notamment en Bretagne et Pays de la Loire, en oubliant que la réglementation bio qui doit être appliquée dans tous les pays l'Union Européenne impose le respect des cycles naturels et l'utilisation responsable de l'énergie.
Face à cette pression de l'agriculture conventionnelle, le Comité National de l'Agriculture biologique (CNAB) a été saisi et devait se prononcer sur cette dérive en maintenant, en toute logique, l'interdiction du chauffage des serres pour la production des fruits et légumes bio hors saison, comme la FNAB (Fédération nationale d'agriculture biologique) et le SYNABIO (le syndicat national des entreprises agroalimentaire bio) l'avaient demandé dès juin 2018. Mais, pour la deuxième fois consécutive, le vote a été reporté. La prochaine séance aura lieu en juillet 2019, pendant les vacances...
Doit-on s'en inquiéter ? La réponse est oui. Car le risque est grand que l'on finisse par affirmer que les tomates et fraises bio produites artificiellement et industriellement sous serres en hiver présentent toutes les qualités gustatives et nutritives du bio et que l'impact écologique est finalement modéré.
Or il n'en est rien. Selon l'étude FoodGES de l'ADEME, une tomate produite en France sous serre chauffée est responsable de 8 fois plus d'émission de gaz à effet de serre qu'une tomate produite en France en saison.
En outre, " On ne peut pas calquer un modèle productiviste conventionnel sur une logique biologique qui suppose d'accepter une baisse des rendements et des contraintes de production plus fortes dont la saisonnalité fait partie. Si les nouveaux acteurs se positionnent au mépris de cette logique, ils détruiront ce que nous avons mis 40 ans à construire ", déplore Sylvie Corpart, agricultrice bio représentant la FNAB au CNAB.
Il est donc indispensable d'agir dès maintenant estime Jean Marc, Lévêque Président du Synabio, car selon lui " Plus la décision d'interdiction est reportée, plus de nouveaux projets sortent de terre et plus ça sera difficile de revenir en arrière ".
En attendant la FNAB et le SYNABIO demandent un moratoire sur les nouveaux projets de construction de serres chauffées en bio jusqu'à ce qu'une décision soit prise par le Comité National de l'Agriculture Biologique.
Encore un combat à mener... En attendant, il ne tient qu'à nous consommateurs de ne pas acheter de fruits et légumes - même bio - hors saison pour ne pas contribuer à l'augmentation des gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique.
Hervé de Malières