On est partis ensemble. On revient ensemble

Publié le 09 avril 2019 par Do22

Elle était déjà assise dans l'avion à ma place au hublot. Je me suis assise à la sienne sur l'allée. Mes grandes jambes apprécient la possibilité de s'y étendre et ça ne me dérangeait pas de la laisser admirer la vue.

Un moment donné, je l'ai entendue baragouiner en anglais à notre voisin commun entre nous deux pour aller aux toilettes. J'ai compris qu'elle était francophone.

A l'arrêt de l'avion sur le tarmac de Genève, je me suis levée et ai bloqué l'allée d'une foule compacte qui prenait le couloir d'assaut afin qu'elle puisse prendre le temps de sortir avec ses sacs, sa béquille et le chapeau de paille. Je lui ai dit que j'allais l'accompagner un bout. Ses yeux ont brillé de gratitude.

Une chaise roulante l'attendait. Je l'ai accompagnée. Nous allions au même terminal. Nous avons attendu un bon 15 minutes pour le monsieur qui allait la pousser puis autant pour se rendre du terminal 1 au 3.

Elle m'a alors raconté.

Ils étaient venus à deux pour un tour guidé avec 14 autres personnes. Elle repart seule avec les bagages mais avec lui quand même.

Il est dans la soute. Embolie pulmonaire. Il est parti en quelques minutes dans un hôtel jeudi passé.

Il aura fallu presque une semaine avant qu'elle ne puisse rentrer avec lui. " On est partis ensemble. On revient ensemble ". La paperasse. Les assurances. L'ambassade. Les pompes funèbres.

Elle ne parle presque pas l'anglais. Elle n'a pas eu de traducteur. Elle a galéré comme pas possible pour arriver à tout arrimer, seule dans sa chambre d'hôtel à Colombo, tout en réalisant que celui avec qui elle a passé 60 ans ne voyagera plus jamais avec elle puisque, depuis leur retraite, ils ont bien bourlingué à travers le monde.

Pendant presque une semaine, elle n'est presque pas sortie de l'hôtel, seule avec sa peine, ce vide subit dans son coeur et dans sa vie, et toute la paperasse à régler.

Elle a la pêche quand même, Yvette, malgré son deuil, sa hanche et son poignet brisés en novembre dernier. Ça explique sa canne. Après la convalescence, elle avait besoin de sortir de la maison, de voyager. Ils avaient choisi le Sri Lanka.

Avant de se quitter pour aller chacune à notre gate d'embarquement respectif, nous avons pris le temps de manger une délicieuse brioche chez avec un thé.

Yvette avait de la jasette. Cela lui faisait tellement de bien d'avoir quelqu'un avec elle, de discuter et qu'elle n'ait pas à galérer avec les langues. Je me suis occupée de parler avec les gens pour nos besoins.

Elle m'a demandé mon email. Elle a WhatsApp. Elle veut qu'on reste en contact. On s'est fait deux grosses bises et un câlin et elle repartie dans sa chaise roulante poussée par un charmant Indien du nord de l'Inde vers un nouveau voyage... Elle à Paris, moi à Genève.

Il suffit de si peu parfois, pour aider et apporter un peu de bonheur à quelqu'un...

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De tout coeur

© Dominique Jeanneret
Thérapeute holistique

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