Je lisais tranquillement un petit Calvino sur le pont des arts (parce que le midi, je pique-nique sur le pont des arts, c'est un petit luxe agréable quand le soleil daigne se montrer). Un monsieur me demande ce que je lis et me reproche de laisser les auteurs français mourir de faim. Je lui réponds que je lis essentiellement les français morts... Le monsieur me présente une charmante blondinette de six ans (qui lit Martine, comme quoi, il y des vraies traditions littéraires :) ) en me demandant quels droits d'auteur elle percevra... Et me propose de me ramener un livre de sa plume dès le lendemain. Vendredi midi, sur le pont des arts, Paul Marchand m'offre trois de ses livres. Il parle peu de lui. Un simple "j'ai voulu faire mieux que Céline..." auquel je rétorque l'éternel "Chateaubriand ou rien" qui le fait hausser les épaules.
Bref, tout ça pour dire que je viens de lire Ceux qui vont mourir. Pas de gladiateurs ni de lions mais deux guerres apparaissent en toile centrale. Le narrateur (comme l'auteur) est correspondant de guerre au Liban puis en Bosnie. Du Liban, il montre peu les plaies. Il écrit des lettres à son fils et lui conte sa liaison avec sa mère, sa fuite et son désintérêt devant cette femme enceinte, amoureuse. Et ses quelques regrets a posteriori. En Bosnie, c'est aussi son personnage qui est au centre de l'action. Très grièvement blessé, rapatrié et soigné, il revient sur le lieu de son agression pour venger son bras mort. Avec deux compagnons, il débusque le tireur. Deux histoires en une, selon une narration classique ou épistolaire, qui ne montrent pas les plus beaux aspects de l'homme. Et un refrain insupportable, "arrêtez de donner la vie, vous contrerez ainsi la mort". Comme vous l'avez compris, je n'ai vraiment pas adoré. Seul le style permet une lecture plaisante de ces lignes.