MED et Guilty Simpson, une entente entretenue depuis 2006, sur l'album posthume The Shining de leur ami commun J Dilla. Rien ne présageait que, plus d'une décade après cette rencontre, les deux MCs collaboreraient ensemble, mais ça s'est finalement produit en toute discrétion, avec d'abord un précurseur en mars 2018, un EP intitulé Loyalty. Mais pour ce collab LP qui suit, Child of the Jungle, il n'y a pas de " & " ou de " x " qui associent le nom de Medaphoar et Guilty Simpson, mais " feat ", comme pour Raekwon et Ghostface Killah.
À part " The Weight pt 1 & 2" , tous les morceaux du format court Loyalty (dont le morceau-titre) ont été conservés sur Child of the Jungle. Logique, c'est le principe des EP, de donner un avant-goût du menu final. Pas d'instru inédit de J Dilla dans le lot (ça aurait pu marquer le coup), mais on a droit à du Madlib, qui les connaît très bien tous les deux et ouvre le bal avec " MAD" , Nottz sur le très bon single " Visions " avec Georgia Ann Muldrow, Mndsgn, Black Milk, Karriem Riggins... Y a de quoi faire avec cette crème ! Un peu de tout en fait, avec des vibes 80s de " Pie " avec Joyce Wrice allant à l'uptempo " Lock N Load" , plus un grand écart vertical entre Detroit (" Face Down" ) et L.A avec " The Hundreds " avec la légende Kokane.
Mais cette hétérogénéité affichée sur cette sortie tamponnée Bang Ya Head montre un déséquilibre entre MED et Simpson. Le premier est plus à l'aise sur les instrumentaux westcoast, 'techno' (" Lock N Load" ) et nusoul (comme les hautement appréciables " Time " avec Jimetta Rose et " Lifes Good " qui invite Blu), l'autre est fort en n'importe quelle circonstance, en plus d'avoir une prestance incroyable, toujours avec son flow lent et imposant, comme un tank. Dire que Guilty Simpson n'est qu'en featuring, j'aurai plutôt inversé les rôles pour remettre le bon rapport de force. La complicité entre les deux MCs fonctionne pas trop mal, mais on en a vu un tas d'autres de mieux de complémentarité entre deux rappeurs qui ont connecté leur discographie après plusieurs années de carrière. Leur approche est somme toute trop classique pour rendre cet album plus intéressant.
Child of the Jungle n'est pas la première connexion Cali-Detroit, on pense évidemment à Caltroit de Black Milk et Bishop Lamont qui avait marqué les esprits, alors forcément, c'est un petit événement. Mais le traitement apport est trop prévisible (type de productions à l'exception de Mndsgn, modèle additif de leur complémentarité...), par conséquent le plaisir d'écoute en pâtit et cet album, aussi solide soit-il, ne restera hélas pas dans les mémoires, hormis quelques titres qui finiront sur des playlists.