Dans son édition du samedi 12 juillet, Le Monde titrait en page intérieure : «Une Marocaine en burqa se voit refuser la nationalité française ». Je regrette tout d’abord que cet organe d’information pêche par inexactitude. A ma connaissance, le terme de burqa désigne la tenue qui, notamment en Afghanistan, emprisonne totalement le corps de la femme, avec pour seule ouverture, au niveau des yeux, une espèce de petite fenêtre grillagée qui vient parfaire cette image de geôle. Il est donc inexact d’appeler burqa ce que la commissaire du gouvernement, Madame Emmanuelle Prada-Bordenave, décrit comme « une longue robe tombant jusqu’aux pieds, voile masquant les cheveux, le front et le menton, et une pièce de tissu masquant le visage et ne laissant voir les yeux que par une fente ».
Mais ce n’est pas là l’essentiel de mon propos. La Marocaine en question, Madame M., a déclaré « qu‘elle n’a adopté ce costume qu’après son arrivée en France à la demande de son mari ». Madame Prada-Bordenave ajoute : « elle vit dans la soumission totale aux hommes de sa famille [mari, père et beau-père]. » Le Conseil d’Etat vient de refuser à Madame M. la nationalité française, au motif qu’elle « a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d’égalité des sexes ».
Je remarquerai tout d’abord que, selon les déclarations de la demanderesse, c’est son mari qui se rend coupable d‘enfreindre le principe d’égalité des sexes et qu’elle même ne fait que s’abstenir de s’opposer à cette violation. Ensuite, je ne comprends pas la précision « au nom d’une pratique radicale de sa religion ». Est-ce à dire que, pour d’autres raisons, un tel comportement serait acceptable ?
En 2005, un décret avait refusé la demande de Mme M. pour défaut d’assimilation, ce qui l’avait conduite à s’adresser au Conseil d’Etat, lequel a rendu son arrêt le 27 juin. J’avais jusqu’ici cru que l’on demandait aux étrangers désireux d’acquérir la nationalité française de s’intégrer dans notre communauté. Y aurait-il une nécessité de s’assimiler, c’est-à-dire d’abandonner ses spécificités, parfois sources de richesse pour notre pays ?
Notre Président est toujours très compatissant vis-à-vis des victimes. Est-il satisfait de cette situation où une femme est jugée indigne de la nationalité française alors que celui qui la traite comme sa chose peut continuer à se prévaloir de son rang de Français ? Notre Président est aussi très attentif à la réunion des familles. On a pu le voir de façon si émouvante à l’occasion de l’heureuse libération d’Ingrid Bétancourt. Juge-t-il normal qu’au sein d’une cellule familiale de cinq personnes, cette femme soit la seule à ne pouvoir être française ? Il convient d’urgence, ou bien de la naturaliser, ou bien de déchoir son macho de mari de sa nationalité.
Nicolas Sarkozy est né français. Mais ses connaissances en génétique ne l’ont semble-t-il pas amené à s’interroger sur la présence dans ses gènes des «valeurs essentielles de la communauté française ». Parmi celles-ci figure la devise de notre République « Liberté, Egalité, Fraternité ». Respecte-t-il nos valeurs quand il passe le plus clair de son temps à fraterniser avec des dictateurs : Mouammar Kadhafi (l’ingrat), Bachar al Hassad, Zine el Abidine Ben Ali, Idriss Déby, et autres ?