Minables aristocrates, minables poètes. Un José-Maria de Heredia (Scali Delpeyrat) désargenté qui n’hésite pas à vendre ses filles pour profiter de la dot et de la situation, qui regarde ses filles derrière un miroir sans tain où il surprend Pierre Louÿs (Niels Schneider) au début du film. Un Henri de Régnier (Benjamin Lavernhe) qui trahit son ami et épouse Marie de Heredia (Noémie Merlant) malgré une promesse qu’il avait faite à Pierre Louÿs. Celui-ci, collectionneur de conquêtes et photographe de corps et de scènes érotiques, déclare alors qu’il sera son amant, et l’invitera dans sa garçonnière. Raconté comme ça, ce n’est pas très intéressant. Mais Lou Jeunet en fait autre chose : elle s’intéresse à Marie. La jeune femme n’est pas, comme on l’a sans doute représentée, la victime d’un érotomane. « Nous deux, c’est pour rire ! », s’exclame-t-elle. Elle est active dans cette relation. Elle parviendra même à faire épouser sa soeur par son amant qui, pourtant, jurait de ne pas se marier. Certaines scènes du film peuvent faire penser à des séances de photos partagées par Pierre Bonnard et Marthe. C’est que la réalisatrice donne à voir des corps, des tissus, des photographies qui révèlent la quête de la beauté et du désir. Et des feuilles de papier blanc qui prennent toute la lumière et portent les mots de l’absence et de l’attente, quand les photos montrent ce qui est là, donné à voir désormais.