Les Retrouvailles de l'École ManchedePelle

Publié le 06 avril 2019 par Hunterjones
Des retrouvailles c'est quoi?
Un bain de nostalgie. Un regroupement pour se rappeler le bon vieux temps. Car c'était, pour la plupart, le bon vieux temps. Pour certains, la plus belle période de leur vie. Pour d'autres, la pire. Pour d'autres, le moment où ils ont cessé de maturer.
Je me situe entre tout ça. Une fille m'a brisé le coeur (mais ouvert les yeux), rendant un moi de mai traumatisant en 1988, mais en général ce fût une période formidable dans ma vie. J'ai peut-être effectivement cessé de beaucoup maturer par la suite.

Peu importe. On a organisé des retrouvailles des anciens finissants de 1989 de l'école secondaire ManchedePelle, en 1999, pour les 10 ans d'anniversaire. On était nombreux. Ce fût agréable. Bien que relativement bizarre. Plusieurs tentaient tant bien que mal, surtout mal, de retrouver l'esprit de 1989. Le même niveau de relations, mais 10 ans après le secondaire 5, nous étions tous encore, pour la plupart, aux études. Universitaires. Pas de danger que le marché du travail ne soit pressé de nous accueillir. Mais la soirée avait été fort intéressante tout de même. Ayant gardé la totalité de mes frères scolaires assez près de moi pendant 10 ans, on se retrouvait à nouveau, faisant les cons, comme si on se voyait pour la première fois en 10 ans, alors que non seulement on avait habité ensemble, mais on se parlait pas mal tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, et on galérait encore comme en 1989. En enfilant probablement mon cerveau de 17 ans, je disais ce soir-là, à celle qui avait brisé mon coeur en 1988, que j'étais tombé sur nos anciennes lettres d'amour, ce qui l'avait attendrie, mais avait fait suivre par "Je les ai toutes jetées". Ne sachant trop à quoi je voulais en venir. À lui faire comprendre que j'étais maintenant heureux en amour, mais c'était d'une maladresse...de 17 ans. J'avais aussi commenté des rumeurs idiotes. Je m'étais haï.

En 2009, on avait répété l'expérience, mais cette fois, la soirée avait été légèrement différente. Plusieurs arrivaient de différents pays. Plusieurs, dont moi (déjà 10 ans avant), avaient des enfants, et étaient en couple, la soirée, bien que légèrement plus mature que la première, offraient de jeunes professionnels, certains très publics (Miss Diaz entre autre) et l'organisatrice de la soirée, célibataire, semblait déçue l'être restée ce soir là, elle semblait surtout crevée d'avoir tout organisé à bouts de bras et d'énergie. J'avais, encore, probablement investi du jugement de mes 17 ans, pris de fort mauvaises décisions, prenant le volant illégalement pour la seule fois de ma vie. Bref! J'étais chaud. Pas si mature au bout du compte. Dumb. Je volais pas haut. Un ancien volait encore moins haut que moi, me disant "Hey Jones!" tout en me montrant son zigouli dans les toilettes.
Je m'étais encore haï.

Ces temps-ci je me fais harceler afin de participer aux retrouvailles de 2019. Les 30 ans de nous, finissants. Mais on passe par Facebook, ce qui est un manque de flair flagrant. J'ai entre 10 et 12 amis très proches, issus de cette même école et je crois que seuls 2 sont sur Facebook. J'ai moi-même cherché les gens intéressants de cette époque (presque toute cette école) et je ne trouvais personne. Ma génération n'est pas tellement Facebook. Surtout pas moi. Bien que j'utilise Messenger, je ne fréquente jamais JAMAIS le site. Mais tout en étant JAMAIS sur Facebook, j'en reçois certaines notifications dans mes pourriels. Et quand j'ai vu le nom d'une fille que je connaissais qui organisait la soirée, j'ai quelques fois été lire ce qu'elle avait à dire.

Aller aux Retrouvailles, cette fois, ne m'intéresse pas du tout. Mais j'ai lu. Discrètement. J'ai lu le désarroi quand, fin mars, début avril, on s'inquiétait du peu d'intérêt n'ayant que 12 inscriptions pour la fête prévue en mai. On insistait pour qu'après le weekend, on fasse du bouche à oreille et qu'on augmente au moins les nombre des inscrits.
Après le weekend, on en avait 13...Ça n'allait pas mieux pour eux qui visent au minimum, 50 personnes, sinon, ils annulent. Ce que je ferais aussi. C'est un gros investissement de temps, d'énergie et d'argent, pour des pacotilles sinon.  Mais cette fois, l'organisatrice a eu la bonne idée de nommer les 13 personnes ayant confirmées leurs présences. Étonnant mélange de gens qui ne se parlaient pas tant que ça au secondaire. Mais ça peut donner envie (ou pas) de s'y rendre.

Je n'irai pas.
Pourquoi?
Parce que des retrouvailles, c'est quoi?
Après 30 ans, c'est un peu pavoiser. Voici ce que je suis devenu. Mais aussi surtout voici ce que je ne suis pas devenu.
 On aura tous forci. Peut-être calé. Rien d'anormal. Rien d'agréable à exposer aussi. On y va pour parader un peu. Rien à parader.
"Hey Jones! que deviens tu?"
"Rien, je traduis, je travaille dans le recyclage aussi., Rien."
"Hey Jones! où habites tu?"
"Absolument nulle part"
Non, je ne suis fier de rien. Sinon de la famille que j'ai fondée, des enfants que j'ai et ce n'est l'affaire de personne.
Je n'aurais aucune conversation que je n'ai pas déjà avec mes mêmes amis depuis 1989 (et avant) qui sont les mêmes. Mes retrouvailles, je les vis chaque fois que je retourne à Québec et dans le temps des fêtes. C'est toujours fameux. Pas besoin de quelque chose qui ne sera jamais mieux.

Pas envie de voir dans l'oeil de quiconque (et je le chercherais) l'ombre d'un "Oh! tu étais destiné à tant de belles choses toi qui étais allumé et en classe enrichie et en théâtre!....".
Non, merci. Abonné absent. Serai occupé en mai.
Je ne suis plus l'ombre de celui que j'étais en 1989, pas intéressant de me revoir today.
Pas intéressé d'en parler. 
Je risquerais de me haïr davantage encore.