Le spécimen de Matz, Julen Ribas et Walter Hill

Publié le 05 avril 2019 par 7bd @7BD
Titre : Le spécimen
Scénario : Matz et Walter Hill
Dessins : Julen Ribas
Editions : Rue de Sèvres
Année : 2019
Nombre de pages : 123

Résumé :


Au cœur de la Sibérie, dans le désert enneigé de Ryn, le docteur Irina Danko est retrouvée, habillée d'un simple t-shirt, apeurée, vagabondant et fuyant probablement quelque chose.
Elle fuit le centre pénitencier de Rynpeski, dans lequel les condamnés à mort font office de cobayes pour des expériences scientifiques dans le plus grand secret.
Irina Danko est directrice adjointe du département Neurophysiologique de ce centre d'essais à la solde du groupe industriel Becker Pharmaceuticals.
Lors d'une expérience avant l'exécution d'un des plus dangereux criminels de Russie, une coupure de courant advient...
Dès que la panne se résout, les scientifiques et militaires constatent que le corps du condamné a disparu, mais qu'il y a le corps d'un autre homme à la place.
Et celui-ci reprends vie avec la particularité de ne pas avoir de pupilles dans ses yeux...
Il révèlera par la suite d'autres attributs bien plus dangereux...

Mon avis :


Quel plaisir de lire à nouveau un récit imagine par Walter Hill et Matz ! « Corps et âme » et « Balles Perdues » m’avait déjà bien interloqué par leurs originalités et ambiances.
Pour ce nouveau one-shot, cette fois-ci c’est Julen Ribas qui est au dessin.
Le trait est donc un peu moins réaliste que celui de Jef mais reste évidemment très bon pour autant !
Cette histoire de fiction tout en huis-clos ne manque encore pas d’originalité.



Page 12 de la BD

 

Le dessin :


Le dessin de Julen Ribas plutôt sobre et sans fioritures doit probablement beaucoup aux styles comics ET manga.
Le trait est fluide, épais, dynamique et élégant.
Les couleurs sont mesurés et concises, vives et puissantes. Elles prennent leurs ampleurs et révèlent tout leur importance dans les phases de rêve de la scientifique.
Ces transitions fantasmagoriques sont d’ailleurs particulièrement bien conçues, révélant ainsi tout l’étendue du talent de ce jeune dessinateur. 
Dans ces moments de songes, son dessin est tellement communicatif que les scénaristes ont, bien entendu, volontairement évité toute bulle de dialogue.
Les mises en scène sont bien faites, alternant beaucoup de vues différentes et jouant sur les perspectives pour donner de l’ampleur et de la vivacité au récit.
Les effets sont aussi nombreux et bien placés, surtout les onomatopées accompagnant beaucoup de scène afin de faciliter la projection et ainsi de faire vivre la situation.



Page 15 de la BD

 

Le scénario :


Le scénario est un pur thriller psychologique d’anticipation.
Le suspense est continuel dans le récit. Bon, certes vous allez vous poser un bon nombre de questions auxquelles vous n’obtiendrez que peu de réponses, mais c’est ce qui fait le charme de cette histoire.
Cet homme sort d’on ne sait où, il est blindé de pouvoir et « sympathise » avec la doctoresse Irina… C’est, selon moi, une des nombreuses interprétations du diable…
Mais est-ce vraiment le diable, car finalement, les « punis » ne sont-ils pas non plus soumis à la tentation et au mal au travers de leurs expériences ? Donc cet homme ne pourrait-il pas être aussi et simplement Dieu venant délivrer un message ? Le mystère restera…
Matz a adapté admirablement bien cette nouvelle imaginée par Walter Hill. Tous les ingrédients que Walter Hill à l’habitude de nous offrir sont là : action, fiction, suspens, fantastique, sexe, non-sens, critique moralisatrice, etc… la liste peut être longue.
Matz, dans son rôle de scénariste « taulier » de la BD française, a la bonne idée de couper la trame conductrice de l’histoire par les épisodes oniriques mais cauchemardesques de notre belle héroïne. Et cette astuce est bienvenue car sans cela le tableau pourrait en être bien fade… 
Le découpage est aéré et propre, alternant de nombreux format de cases rectangulaires (allongées, étroites, larges carré etc…) influant ainsi sur le rythme de la bd afin de donner du dynamisme à ce huis clos.

Page 16 de la BD


En bref, c'est encore une bonne lecture qui vous permettra de réfléchir vis à vis du respect de chacun et sur le fait de s'octroyer des droits de vie ou de mort en regard d'une économie et de profits financiers.
J'ai aimé
Ciao
Yann
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