Cinémakimepassionne.
Cinéma qui me séduit par sa facture narrative, par sa cinématographie, par son audace, son sujet, ses interprètes, ses choix. Je vous parle d'une équipe dont j'ai aimé la plupart des choix.
Le cinéma peut être le plus beau des voyages. Et reste toujours le moins cher.
LEOLO de JEAN-CLAUDE LAUZON
1991.
Jean-Claude Lauzon était un monstre. Il avait un tempérament parfois difficile à supporter. Une confiance qui frôlait l'arrogance. Son premier film avait fait beaucoup de bruit. On avait beaucoup aimé. Mais le gars était rock'n roll. Il avait de l'ego. Fallait suivre son rythme.
Dans l'excellent documentaire de Louis Bélanger sur l'enfant terrible qu'était Jean-Claude Lauzon, Lauzon, Lauzone, on y entend une femme dire, un peu gênée, que Lauzon lui avait dit une fois que des lèvres comme ça, ça devais bien sucer" et que quelques heures plus tard, elle était à genoux lui en faisait la démonstration. Il avait ce pouvoir de séduction. Même dans l'indignité.
Un Zoo La Nuit avait séduit parce que des films traitant de relations père-fils comme ça, on en avait pas vu si souvent. Lauzon avait pris sacrement son temps par la suite, 4 ans, avant de tourner son film suivant (faisant beaucoup de publicités télé entre temps). Il avait pourtant commencé à le scénariser en Italie, lors du tournage de son premier film, en Sicile. Il allait s'agir d'un film nettement plus personnel que le premier, qui l'était aussi en quelque sorte. Puisqu'il traitait encore plus de famille. Nous y plongeant complètement dans Leolo.
Leo Lauzon est dans une famille dysfonctionnelle et renie tant ses origines qu'il s'est inventé une naissance et une nationalité italienne. Un homme italien se serait branlé dans les tomates en Sicile, une tomate pleine de son semen aurait voyagé jusqu'au Québec et quand la mère de Leo tombera dans un plateau de tomates, se coinçant la tomate en question entre les cuisses, aurait ainsi été mise enceinte.
La chronique qui suit, qui sera son film, est d'une beauté ponctuée de petites laideurs, touchant autant la poésie que l'inconfort. Cette caméra, entre autre audace, qui glisse honteusement entre les jambes de Ginette Reno dans les premières minutes. La même Ginette qui trouvait si gênant de chanter le mot "fesse" avec Jean-Pierre, pas si longtemps avant.
On y trouve dans le film de nombreuses citations de L'Avalée des Avalées de Réjean Ducharme. Un monument et une oeuvre phare chez nous.
Ce qui est bien de chez nous aussi, c'est l'hiver. Lauzon, en homme intelligent, a compris la richesse de notre hiver et l'a un peu filmé, le temps d'une pisse nocturne.
Le fantasme Bianca, lui inspirant davantage l'Italie, le désir, et le rêve, toujours le rêve, mais la jalousie aussi. Fameux. Le film m'a donné le goût de la plongée pour toujours.
Un scène de poisson pêché qu'on finit par perdre qui fera sourire fait reprendre aux personnages le dialogue entre les deux personnages principaux de son film précédent, son seul autre à vie (trop courte), Un Zoo La Nuit. C'est une scène assez amusante. Une autre scène extraordinaire est la scène du grand frère de Leolo refaisant face à l'intimidateur de sa jeunesse.
Parce que moi je rêve, moi je ne le suis pas.
Lauzon nous as filmé un traité de l'humiliation familiale.
Le magazine Time, en 2005, le classera d'ailleurs parmi les 100 meilleurs films de tous les temps.
Il faut rêver, il faut rêver.
Lauzon m'avait fait rêver.
Il s'est tué dans un accident aérien avec son amoureuse d'alors, la toute aussi intense actrice Marie-Soleil Tougas, en 1997.
Il avait 43 ans.
Marie-So, 27.
Son dernier film est un bijou national.
*Films que je recherche sans arrêt afin de les acheter, mais qui sont insupportablement indisponibles partout!
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