Je retrouve le chemin que je connais déjà, avec une lassitude renouvelée. Avant de tourner la page, je voudrais taper très fort sur les i. Toutes les rues sont vides et stériles, délavées. Elles m'embêtent. Je me sens étonnamment calme et résigné. Je suis arrivé au point dans ma vie où les choses que je regrette sont plus nombreuses que les choses que je désire. Après avoir longtemps marché, je voudrais encore continuer, à un rythme certes moins agité, marchons, lentement, posément. Je pose ma main sur mon coeur. Je regarde au loin l'horizon. Toutes frontières inatteignables. Loin, la mer, loin l'Amérique. Je desserre mon poing, j'écrase mon sillon, les rêves ont la peau dure jusqu'à ce qu'ils s'assèchent.
Vous me demandez : qui es-tu, que veux-tu, où vas-tu
Les questions sont nombreuses, les réponses devraient bondir et rebondir, agiles et fragiles, grelottantes et frémissantes, elles écoutent la mélodie, elles s'accrochent aux sons de l'accordéon, elles écarquillent les yeux, jettent de l'huile sur le feu
et c'est ainsi que l'on vit, que l'on survit, que l'on écrit, que des choses jolies, que des choses pétries de bons sentiments, que des choses salies
nastassja kinsky