Tous deux sont valaisans, tous deux sont des hommes politiques, tous deux appartiennent au PLR, Parti libéral-radical, fusion en 2009 du Parti libéral suisse et du Parti radical-démocratique.
Tous deux se disent libéraux, ce qui n'est pas incongru en Suisse, au contraire d'en France où le terme de "libéral" s'est transformée en injure, dixit Pascal Couchepin. Toutefois, là-bas comme ici, un libéral, afin d'être discrédité d'emblée, est préfixé ultra, turbo ou néo...
A l'invitation de l'éditeur, Pierre-Marcel Favre, Pascal Couchepin, PC (né en 1942), et Philippe Nantermod, PN (né en 1984), ont accepté de débattre de La suite des idées.
Dans ces entretiens ils ont abordé de nombreux sujets:
- L'État et nous
- L'État social
- L'Europe
- Le libéralisme aujourd'hui
- Culture et médias
- Service public ou service au public
Ils ont répondu à des questions en rapport avec ces sujets:
- Peut-on encore défendre le profit?
- Peut-on encore défendre le marché?
- Et l'écologie dans tout cela?
- Peut-on encore défendre la responsabilité individuelle?
- Peut-on encore défendre une société moins contrôlée par l'État?
Ils ont évoqué des crises:
- Swissair (2001)
- Swiss Dairy Food (2002)
- UBS (2008)
- Au parlement
En filigrane, derrière les sujets abordés, les réponses aux questions posées, la gestion des crises, se profile le rôle que doit jouer l'État en Suisse et, plus généralement, en Europe.
Force est de constater que l'ancien conseiller fédéral est plus étatiste que ne l'est le jeune conseiller national. Et ce constat est rassurant parce que c'est tout de même de bon augure pour l'avenir.
Tous deux défendent les libertés individuelles et la responsabilité individuelle qui est leur corollaire; et reconnaissent dans le marché la version la plus démocratique de l'économie (PN).
Mais c'est sur le degré d'intervention de l'État qu'ils divergent ou qu'ils s'écartent l'un comme l'autre des principes purement libéraux sous couvert de pragmatisme.
Comme bien des libéraux, ils s'entendent sur les fonctions régaliennes que doit exercer l'État mais ils y ajoutent d'autres tâches telles que l'éducation ou la santé, voire les assurances sociales.
Ce qui les distingue des socialistes, c'est qu'au moins ils se demandent avant qu'une tâche supplémentaire ne soit dévolue à l'État s'il y a un intérêt public à cela. Peut-être ne se demandent-ils pas assez si elle ne pourrait pas être remplie, et mieux remplie, par le privé.
Toujours est-il que Pascal Nantermod semble plus inquiet de l'extension de l'État que ne l'est Pascal Couchepin, qui répète à plusieurs reprises qu'il faut se montrer prudent avant de changer les choses.
Le livre est donc éclairant sur la mentalité de représentants d'un parti au fond très helvétique, puisque soucieux de cohésion sociale et ayant une forte propension au consensus pour la maintenir.
Selon eux, les libertariens rejettent toute intervention de l'État parce qu'elle prive le citoyen d'une liberté. Mais ils ne se posent peut-être pas assez la question de la nécessité de ses interventions.
Bonne nouvelle, cependant, pour un libéral, ou un libertarien, l'un comme l'autre trouve inquiétante la loi française sur les fake news:
PN: Avec cette loi sur les fake news, on introduit un procureur de la Vérité.
PC: Cela n'a pas sa place dans une démocratie.
Francis Richard
La suite des idées, Pascal Couchepin, Philippe Nantermod, 160 pages, Favre