Les climato-sceptiques ont beau clamer l'absence de preuves susceptibles de confirmer qu'un événement isolé, tel que les incendies dévastateurs survenus en Californie l'été passé, est lié à un changement à grande échelle, il devient de plus en plus incontestable que la tendance globale à la multiplication des phénomènes météorologiques exceptionnels est directement liée à une augmentation de la température moyenne de la planète (que l'on croie ou non qu'elle soit due aux activités humaines, incidemment).
La prise de conscience a désormais atteint un tel niveau que les compagnies d'assurance se préoccupent sérieusement d'étudier et de modéliser les effets des mutations sur les risques qu'elles couvrent. C'est dans ce contexte qu'Ernst Rauch, patron de la climatologie chez Munich Re (le plus important réassureur du monde), s'inquiète ouvertement pour l'avenir et annonce notamment une prochaine augmentation de primes (en cours de négociation avec ses clients) dans les zones les plus sensibles.
Mais ce n'est là que le début de la longue descente aux enfers qu'il esquisse pour demain. En effet, avec la croissance continue prévisible de la fréquence et de la violence des incendies, des tornades, des ouragans, des déluges de grêle, des inondations…, le coût de l'assurance, en particulier dans le domaine de l'habitation, va mécaniquement s'envoler… au point de la rendre inaccessible à une partie de plus en plus importante des populations (et en commençant par les segments les plus fragiles).
Une fois enclenché, un mouvement de cette nature peut avoir des conséquences dramatiques, non seulement pour les personnes qui se retrouveraient sans couverture mais pour la société tout entière. Il faut d'abord considérer le cercle vicieux que générerait une forte augmentation des tarifs, car moins il y a d'assurés, moins la mutualisation des risques joue son rôle… et plus les coûts sont concentrés et, donc, élevés (par client). La fracture sociale qui serait créée ne pourrait donc que se propager sans fin.
En outre, l'absence de protection adéquate en cas de catastrophe naturelle induit automatiquement des délais conséquents avant le retour à une situation normale, même dans le cas où des aides publiques viendraient la compenser (elles seront parfois insuffisantes et elles mettent souvent longtemps à atteindre les victimes). Or la persistance d'un environnement précaire a une incidence majeure et durable sur l'activité économique des régions affectées et, par ricochet, sur l'ensemble des citoyens.
Face à ces perspectives, il n'existe hélas pas de solution miraculeuse… Initialement, afin de réduire le danger d'exclusion, il sera toujours envisageable de mettre en place des fonds de secours, alimentés par les pouvoirs publics ou le secteur privé. Mais il ne suffiront certainement pas, à long terme, à couvrir tous les dommages. Alors, la prévention reste peut-être la piste la plus intéressante à approfondir et il se trouve que les compagnies d'assurance sont particulièrement bien placées pour la développer…