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Dans le faisceau des vivants, de Valérie Zenatti

Publié le 02 avril 2019 par Francisrichard @francisrichard
Dans le faisceau des vivants, de Valérie Zenatti Pour connaître un homme, il faut savoir comment il aime ses parents, et comment il a été aimé d'eux.

C'est ce que disait Aharon Appelfeld.

Valérie Zenatti explique qu'ainsi, inlassablement il a tissé les âmes de ceux qui avaient disparu

Il disait bien d'autres choses qui ont transformé la vie de l'auteure et continuent de le faire. Valérie Zenatti n'a pas seulement été la traductrice d'Appelfeld: ils sont devenus amis.

La séparation entre la vie et la mort est plus fine qu'on ne croit.

La littérature doit concilier les trois temps, le passé, le présent, le futur, autrement elle n'est qu'Histoire, journalisme ou science-fiction. On parle toujours de la Seconde Guerre mondiale, de la Shoah comme d'une grande catastrophe, mais il faut dire aussi qu'il y eut énormément d'amour. Celui des mères qui ont protégé leurs enfants jusqu'à leur dernier souffle, celui des adultes prenant soin de leurs vieux parents. Le fond et la forme s'imposent à celui qui crée, il ne peut pas choisir, c'est ce qui nous a été donné, [...] un homme peut écrire sur tout ce qu'il veut mais il y a un contenu et une forme qui lui sont particuliers et qui n'appartiennent qu'à lui, et il ne pourra jamais s'en défaire. La souffrance est parfois la source qui, on pourrait dire, nous conduit vers l'amour, pas le superficiel, pas l'amour bourgeois, mais l'amour vrai, fondateur, et qui nous conduit aussi à Dieu parfois. Un être se prépare dès son enfance à être un artiste. Un des traits qui caractérisent l'artiste est une certaine passivité, il contemple les choses... Lorsque je traduis ses livres, ses personnages entrent en moi, pas à pas, et une fois la traduction terminée, ils ne me quittent plus, ils font partie de moi.

Ils avaient au moins deux points en commun: ils sont tous deux arrivés en Israël à l'âge de treize ans et demi, lui en 1946 et elle en 1983, et il y ont tous deux appris l'hébreu.

Le livre de reconnaissance de l'auteure commence par la mort d'Aharon le 4 janvier 2018, alors qu'elle part lui rendre visite à Tel-Aviv où il vient d'être hospitalisé.

Le livre se termine par le pèlerinage qu'elle effectue aux sources de l'écrivain, le 16 février 2018, c'est-à-dire le jour même où il aurait eu quatre-vingt six ans.

( Deux sortes de forces centrifuges agissent en nous, d'un côté une attirance, je pourrais presque dire un ensorcellement, vers un retour à nous-mêmes, à nos sources, et d'un autre, une tentative profonde, car cela aussi est profond, de s'éloigner de ces sources. )

Il lui est apparu vital d'être à cet endroit précis, Czernowitz, la ville de tous ses romans et à ce moment précis, son anniversaire. Si elle ne l'avait pas fait, aurait-elle pu vivre sans lui?

Francis Richard

Dans le faisceau des vivants, Valérie Zenatti, 160 pages, Éditions de l'Olivier

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