Isabelle Wilhemine Marie Eberhardt, nom de jeune fille de sa mère, est née à Genève le 17 février 1877, dans le quartier des Grottes, au-delà de la gare Cornavin. Elle est la fille illégitime de réfugiés russes, Natalia de Moerder et Alexandre Trofimovsky. Et elle est morte à vingt-sept ans, le 21 octobre 1904 à Aïn-Sefra en Algérie où elle était en reportage, emportée par la crue d’un oued à la frontière marocaine. Elle repose au cimetière musulman de la localité. En 1897, elle fait un premier voyage en Algérie avec sa mère et les deux femmes se convertissent à l'Islam. Puis elle y retourne, Batna, Bône, aujourd’hui Annaba, El-Oued à la frontière tunisienne, adopte le pseudonyme masculin de Mahmoud Saadi, ce qui lui permet d’aller dans les lieux où les femmes ne sont pas admises, elle est victime d'une tentative d'assassinat, rentre à Marseille, rencontre le sous-officier de spahi de nationalité française Slimane Ehnni, elle l'épousera en octobre1901 acquérant ainsi la nationalité française, collabore au journal bilingue l'Akhebar, est accusée d’espionnage, à Aïn-Sefra elle se lie d'amitié avec le général de brigade Hubert Lyautey qui dira d’elle "Elle était ce qui m’attire le plus au monde: une réfractaire". Elle aura aussi le temps d’écrire romans et nouvelles publiés de façon posthume, notamment Amours nomades, Sud Oranais, Pages d'Islam, Trimardeur, Dans l'ombre chaude de l'Islam, Écrits sur le sable.
Elle reste tassez méconnue malgré la magnifique biographie en deux tomes qu’Edmonde Charles-Roux lui a consacrée, "Un désir d'Orient: Jeunesse d'Isabelle Eberhardt, 1877-1899, paru aux éditions Grasset en 1988 et "Nomade j’étais: les Années africaines d'Isabelle Eberhardt" sept ans plus tard.
Dans une petite chambre aux volets clos de la Maison Tavel au coeur de la vieille ville, la journaliste franco-suisse Karelle Ménine commissaire de l’exposition "Isabelle Eberhardt, de l'une à l'autre" a réuni un ensemble de documents jamais montrés jusqu’à maintenant. Manuscrits, extraits de carnets intimes, photographies, dessins, une fiche de police, quelques lettres, des pages de manuscrits littéraires et des dessins. Certains documents ont été retrouvés dans les ruines de la demeure d’Isabelle à Aïn-Sefra. Restaurés, ils gardent des traces de la crue mortelle. Cet ensemble donne des informations sur la vie quotidienne de la société algérienne au temps de la colonisation française avec laquelle son auteur n’est pas particulièrement tendre.
"Isabelle Eberhardt, de l'une à l'autre"
Jusqu’au 7 avril 2019
Maison Tavel
Rue du Puits-Saint-Pierre 6
1204 Genève
Tél: 0041 022 418 37 00 Ceux et celles qui s’inquiétaient de découvrir quel serait le lapin qu’Emmanuel Macron allait sortir de son chapeau pour les élections européennes, sont maintenant rassurés. Face au nationalisme, face au populisme, l’écologie sauvera l’Europe...