Résumé :
Ellie est sur la plage en train de regarder l'océan. Cela lui rappelle une chanson de Vic Chesnutt. Elle partage ce souvenir avec un passant promenant son chien. Et on enchaîne direct en retrouvant la jeune femme dans un centre de détox, ou Rehab – rappelez-vous la chanson d'Amy Winehouse -. En voix off, comme dans tout bon polar qui se respecte, elle nous passe en revue les autres personnes enfermées, pardon, en séjour ici. Dont le jeune Skip, qui lui fait de l'œil. Mais Ellie ne l'entend pas de cette oreille. Enfin, pour l'instant !Mon avis :
Le scénario :
Le couple de jeunes drogués en cavale, on connaît. Mais ce coup-ci, ça vaut la peine de les suivre. Non pas pour Skipp, car il n'a rien de vraiment intéressant à nous proposer mais pour Ellie, qui mène le récit tout comme l'action, par ses actes et par sa voix off. A chaque situation, elle se rappelle son passé et on découvre au fur et à mesure de l'histoire les différents éléments qui ont fait ce qu'elle est. Sa culture de chansons, surtout axée sur tous les chanteurs et chanteuses drogués, lui donne un regard particulier sur la vie, et l'occasion pour nous de redécouvrir des classiques.La jeune femme vit avec le dragon de la drogue, elle doit se transformer, et dépasser cet ennemi symbolique. Mais au début de l'histoire, elle n'en a clairement aucune envie. Et elle assure même une distance sur sa situation qui change du toxico en lutte très souvent vu. Au fur et à mesure de l'histoire, on se rendra compte que finalement, le dragon n'est peut-être pas là où on l'attend. Il souffle son haleine chaude de destruction dans une autre direction, et c'est ce qui fait le sel de ce récit. Notons que Ed Brubaker, scénariste de BD multi récompensé, a pensé cette histoire comme un hors-série de sa série Criminal. Et bien sûr, il travaille à nouveau avec Sean Phillips au dessin.
Le dessin :
Le graphisme de Sean Phillips, je vous en ai déjà parlé dans ma chronique sur "Fondu au noir".Ce coup-ci, on entre dans un dessin plus lumineux. Même si la voix off de Ellie nous plonge dans le polar, il n'y a pas à dire, le dessin est clair, comme la couverture le montre d'office. Les personnages sont toujours tracés à la serpe, dans un souci réaliste mais les effets de couleur sont très enchanteurs. Et je me surprends à vouloir marcher sur cette plage, au côté de Ellie. Notons donc le beau travail de couleur de Jacob Phillips. Les flash-backs sont en noir et blanc teintés de gris, très strict, sur des pages à fond noir. Et le comics se termine par une présentation des autres travaux du duo qu'on ne va pas lister ici.