J’aime ton visage qui brouille les repères du cœur et les saisons de la tendresse — ton visage en désarroi, plus frais, plus emmêlé, plus trouble que les chantiers bousculés du dégel, pareil à la mue du ciel de juin et à l’alpage qui boit sa neige — ton front buté de voleuse de cerises, et ta bouche court bridée de jeune épouse — ton rire qui secoue toute la neige des jardins de mai, et ta voix sombrée de parterre nocturne — et, comme un creux d’eau de glacier au bord d’une joue de prairie neuve, le bleu durci de tes yeux de pensionnaire qui saute le mur du couvent.
Julien Gracq, Prose pour l’étrangère
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