Depuis qu'Uber est arrivé dans nos villes, nous nous sommes accoutumés à prendre un VTC – voire un taxi – grâce à une application mobile, sans jamais nous préoccuper du règlement de la course. Les Labs d'ING envisagent désormais d'introduire une expérience utilisateur aussi simple et transparente dans les transports en commun.
Comme son nom l'indique, le concept « Invisible Tickets » est destiné à permettre aux voyageurs d'acheter leurs billets de train – il est prévu de l'étendre ultérieurement aux bus et aux trams – depuis leur smartphone… sans aucune intervention de leur part. Concrètement, grâce aux capteurs intégrés à l'appareil, la solution détecte automatiquement le début et la fin d'un trajet, dont le prix est alors prélevé sur le compte bancaire associé. Impossible de faire plus efficace, le logiciel s'occupe de tout !
Pour l'usager, le bénéfice de cette nouvelle incarnation du paiement invisible est évident : quand il n'est plus nécessaire de se préoccuper de son titre de transport (l'acheter, le conserver sur soi, le valider…), c'est autant de temps et de tranquillité d'esprit de gagnés ! Du point de vue de l'entreprise, les avantages sont aussi significatifs, entre la facilité de mise en œuvre, qui ne requiert aucune infrastructure, et la réduction de la fraude qui accompagne toujours la mise en place de dispositifs sans frictions.
Pour l'instant, un prototype d'« Invisible Tickets » est en cours d'expérimentation aux Pays-Bas (avec la compagnie de chemins de fer nationale si j'en crois les couleurs du train qui illustre l'article de présentation). Cependant, ING explore d'ores et déjà la possibilité de proposer le service dans les quatre pays européens les plus fervents adeptes des transports en commun : Espagne, France, Italie et Royaume-Uni.
Outre le produit lui-même, la démarche qui a conduit à sa naissance mérite également un détour. La petite équipe qui en est à l'origine a en effet connu une sorte de moment de vérité quand, à l'occasion d'une mission de recherche des opportunités de la directive DSP2, qui leur était confiée au sein des ING Labs, ses membres devaient se déplacer chaque jour en train depuis les environs d'Amsterdam. Voilà un extraordinaire symbole pour illustrer la supériorité de l'innovation pilotée par les besoins et les frictions d'usage sur la quête « hors-sol » d'applications à une nouveauté technologique.
Avec son initiative, qui succède aux déplacements avec Uber, aux courses dans les boutiques Amazon Go, aux déjeuners dans les cafétérias de BBVA…, ING fournit un exemple supplémentaire de l'invasion progressive et inexorable de la banque invisible dans les parcours de vie des consommateurs (il est vrai essentiellement concentrée sur l'acte de paiement, à ce jour). Et il reste à noter que, dans chacun de ces cas, une institution financière n'a pas de légitimité particulière : si elle désire s'approprier ce volet de la relation avec ses clients, elle n'a d'autre choix que de viser l'excellence.